Una voce poco fa. Un chant de Maria Malibran, Sandrine Willems



Una voce poco fa..., « une voix, autrefois ». Je l’entends encore, cet air. Sombre présage, bien sûr, évoquant déjà au passé ce timbre qui venait à peine de naître. Mais c’est dans cet air-là qu’exaltée par l’angoisse, ma voix fut un prodige. […] Mais était-ce vraiment l’angoisse, ou l’amour ? C’est sans doute ce soir-là, aussi, que je fus amoureuse pour la première fois. Avec d’autant plus d’abandon que je croyais jouer. [p. 19]

Une voix [d’]autrefois ; voilà un titre merveilleusement bien choisi pour ce premier roman de Sandrine Willems, dans lequel elle fait entendre la voix de Maria Malibran, une cantatrice du début du XIXe siècle, qui s’est notamment illustrée dans Le Barbier de Séville de Rossini et Sterbini. Au fil des quatrains du très beau poème À la Malibran de Musset, elle y égrène les moments marquants de la vie de cette chanteuse, tant musicaux qu’amoureux, en la faisant s’adresser à son enfant mort-né peu avant sa propre mort. Sont évoqués l’enfance difficile d’une petite chanteuse, fille d’un grand chanteur de l’époque qui la pousse sur la scène ; la recherche de la reconnaissance paternelle ; les premières amours, qu’elles charnelles ou platoniques avec Rossini ; le milieu de l’opéra, entre coups durs et coups bas envers les rivales ; les voyages en Europe, notamment à Londres, Bruxelles et en Italie ; l’amour et l’admiration du public. Le ton choisi est donc clairement celui de l’émotion, qui reste contenue par une élégante pudeur et une sensibilité tout en retenue. Enfin, un dernier mot sur le style : le texte a été représenté à Bruxelles dans une mise en scène de l’auteure et s’y prête particulièrement bien par sa fluidité, ainsi que par la ponctuation bien marquée. J’aurais apprécié assister à cette représentation et entendre ce texte/cette voix.

Una voce poco fa est donc un très beau roman d’introspection, que je regrette d’avoir le sentiment d’oublier si rapidement. Néanmoins, peut-être n’est-ce pas si grave, puisque me reste le sentiment d’amour qui s’en dégage :
Oubliez ma voix dont on vous a tant parlé. Mais retenez mon amour. Je vous ai terriblement aimés. [p. 76]

[Sandrine Willems, Una voce poco fa. Un chant de Maria Malibran, Paris, éd. Autrement, coll.Littératures, 2000.]

* Littérature francophone d'ailleurs : Belgique *
* Défi 100 pages *

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10 commentaires:

  1. Ecoute l'air de Rossini... si tu ne connais pas déjà!

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    1. Je l'avais écouté, mais ne le connaissais pas avant de lire ce roman. :)

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  2. C'est le genre de roman qui me plaît, me parle... et si c'est un premier, c'est d'autant plus émouvant. Je le note aussi dans mon petit carnet !!

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    1. Je me doutais que ça te plairait, j'espère que ce sera le cas. Cette auteure a une très belle plume.

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  3. Ah oui moi ça me parle aussi ;) je note :D
    bisous ma Minou et belle soirée :D

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    1. Je savais que ça t'intéresserait ! :D Mon intuition était juste !
      Bisous et bonne soirée. =)

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  4. belle découverte et en faisant la récap ce soir, je vois que c'est le deuxième de cette auteure, il faudra que je la lise

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    1. Je garde un souvenir plus fort de l'autre roman lu d'elle, mais c'est indéniablement une auteure à découvrir, je compte continuer à la lire.

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  5. Cela change de "Remember me but, Ah, forget ma faith " le final de Didon et Enée de Purcell
    Ce livre parait très intéressant sous ta plume, je vais le noter...
    je lis en ce moment un dernier livre pour le Challenge, "le temps oùnous chantions" un pavé truffé de bonnes choses

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    1. Je suis très contente qu'il te semble intéressant grâce à moi, il est très beau. Je note Le temps où nous chantions, qui semble lui aussi intéressant.

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