Contrairement à la
dernière fois, je n’ai pas délaissé le classique du mois, bien qu’il soit à mon
image : en retard, suite au déplacement de la LC. Celle-ci est à mon
initiative, après que j’ai consulté la PAL de Laure. Se sont ensuite joints à
nous Aaliz, Denis, Chroniques littéraires et L’œil qui fume.
Ma forte envie de
découvrir ce recueil de nouvelles vient d’une anthologie sur l’amour et le
désir, dans laquelle se trouvaient un grand nombre de citations issues de cette
œuvre : je peux à présent conclure que l’ensemble est aussi bon que les
extraits dont j’avais eu un aperçu et que Barbey d’Aurevilly a toutes les
cartes en main pour devenir mon nouveau grand amour littéraire.
Le classique d’avril 2013
Les diaboliques
Barbey d’Aurevilly
Quant aux femmes de ces histoires, pourquoi ne
seraient-elles pas les Diaboliques ? N’ont-elles pas assez de diabolisme
en leur personne pour mériter ce doux nom ? Diaboliques ! il n’y en a
pas une seule ici qui ne le soit à quelque degré. Il n’y en a pas une seule à
qui on puisse dire sérieusement le mot de « Mon ange ! » sans exagérer. [pp. 24-25]
Le ton est donné dès
la préface par Barbey d’Aurevilly, ses personnages féminins n’auront rien d’angélique,
si ce n’est à la manière du diable : impudentes, retorses, rusées, fières,
cruelles et criminelles parfois, insolemment belles et attirantes par cette
même attitude sulfureuse. Les premières le sont moins que ne pourraient l’attendre
certaines « têtes vives, montées par ce titre de Diaboliques » [p. 24] (dont je fais partie), mais conservent
un parfum de soufre dérangeant. C’est par exemple le cas du Plus bel amour de Don Juan, qui me
laisse sur un sentiment d’énigme : qui est vraiment diabolique dans cette
nouvelle ? Le plus bel amour de Don Juan, diaboliquement innocent, ou les
auditrices qui écoutent le récit du séducteur (et par conséquent le
lecteur qui le lit) ? Ce mystère joue également un grand rôle dans Le Dessous de cartes d’une partie de whist,
où il demeure presque entier au terme de la nouvelle : toutes les cartes
ont été révélées, mais la façon dont elles ont été jouées demeure en grande
partie inconnue. Dans Le Bonheur dans le
crime, l’ensemble de la partie jouée semble révélée en revanche, et de
quelle façon ! La diabolique de ce récit est incontestablement celle qui m’a
le plus séduite, par son sang-froid, son impudence et son âme noire. Sa fin
participe également de cette fascination plus forte qu’elle exerce sur moi :
elle continue à vivre sa vie dans le scandale, s’en délectant même, comme le
montre la première scène.
Au-delà de la
fascination pour ces figures féminines mises en scène, j’ai été avant tout
séduite par le style de Barbey d’Aurevilly et son choix narratif : l’ensemble
des nouvelles est narrée par un observateur extérieur à un petit groupe d’auditeurs,
auquel est donc associé le lecteur, qu’il
le veuille ou non, tant qu’il poursuit sa lecture. La narration se fait sur le
mode de la conversation mondaine, légère et élégante ; bref, exactement le
type d’écriture dont je raffole dans les romans des 18e et 19e
siècles. Pour cette raison, la lenteur des textes à démarrer vraiment, après qu’aient
été dressés les portraits de l’assemblée, du narrateur et des personnages
principaux, ne m’a pas dérangée, comme cela a pu être le cas d’autres lecteurs.
Je me suis au contraire régalée de ces descriptions mondaines.
En conclusion, avec ce
recueil de nouvelles, Barbey d’Aurevilly se place au seuil de mon panthéon
littéraire (j’attends tout de même de lire au moins un autre de ses ouvrages
pour l’y faire entrer).
Note sur la préface de Jacques Petit (rassurez-vous, je ne vais pas encore
m’en plaindre : je l’ai lue cette fois après les nouvelles) : les
textes y sont commentés en mettant en évidence quelques grands thèmes qui leur
sont communs, comme la complicité du lecteur, l’illusion et le scandale. Ces
explications m’ont paru très intéressantes et éclairantes à propos de quelques
aspects que j’avais délaissés durant ma lecture, fascinée par le style de
l’auteur au détriment des évènements narrés. J’en conseille donc la lecture en
tant que postface, et non préface, en raison de nombreux spoilers nécessaires à
la clarté de l’analyse.
[Barbey d’Aurevilly, Les Diaboliques, éd. de Jacques Petit,
Paris, Gallimard, coll. Folio Classique, 2003.]
***
Je profite de cet
article pour signaler la mise en pause de mon blog pendant le mois de
mai : contrairement à d’autres blogueuses, je n’ai pas la chance de partir
en vacances et dois plutôt me consacrer à d’autres obligations moins plaisantes
(étudiantes).
" Les Diaboliques " : un classique à la fois original (par sa forme et son style), élégant et intemporel.
RépondreSupprimerBarbey d'Aurevilly est un styliste hors-pair, qui mériterait de retrouver une place à part entière au sein de la littérature française. Si l'on aime " Les Diaboliques " il faut lire " Une vieille maîtresse ", son chef-d’œuvre !
Je note ce titre, je le lirai certainement, tout comme les autres œuvres de cet auteur.
SupprimerMerci pour ton lien. Je ne viendrai lire ton article que plus tard car je n'ai pas encore fait le mien :( pfff suis désolée mais avec les petits c'est pas toujours simple surtout qu'avec le beau temps ils veulent toujours être dehors...
RépondreSupprimerbisous et je reviens donc plus tard ;)
Ne t'en fais pas, je ne suis quand même venue te lire que maintenant. ;) Bisous
SupprimerJe me souviens un petit peu de ce qu'avait procuré chez moi, ces nouvelles, lorsque je les avais lu, au collège (c'est à dire, il y a une éternité). J'avais été impressionnée et subjuguée. Il me faudrait, pourquoi pas, m'y replonger.
RépondreSupprimerCe serait certainement une bonne idée, si tu es toujours attirée par ce type d'ambiance littéraire. :)
SupprimerBel article. J'ai lu la préface avant les nouvelles. Effectivement, ce n'est peut-être pas la chose à faire... ;-)
RépondreSupprimerMerci :) Pour les préfaces, j'ai souvent eu des mauvaises surprises, d'où ma méfiance. Parfois, ce n'est pas trop dérageant d'être spoilé avant de lire, ça dépend des lecteurs.
SupprimerJ'adoooooore Barbey d'Aurevilly! il écrit tellement bien!Ce recueil de nouvelles est dans la petite pile de ses oeuvres que j'ai rapatriées pour les lire.
RépondreSupprimerNous nous rejoignons sur cet auteur, je pense. :) J'attendais de l'avoir lu pour aller lire ton avis sur L'ensorcelée, ce sera certainement ma prochaine lecture.
Supprimertrès bel article, je n'ai pas encore composé le mien. Il faut savoir que Jacques Petit est un grand spécialiste de Barbey
RépondreSupprimerUn grand auteur passionnant
Merci beaucoup. :) Je viens d'aller lire ton article, très beau aussi (Barbey nous a inspiré, je crois). Je me souviendrai de ce critique si je me lance dans la littérature critique sur cet auteur (actuellement, je vais surtout le découvrir, lui).
SupprimerJ'ai enfin fait mon article et peux venir te lire !! J'ai aussi beaucoup aime Le bonheur dans le crime. Les descriptions mondaines m'ont parfois ennuyée même si je trouve qu'elles sont parfaitement narrées. Je suis d'accord avec toi pour la préface ;)
RépondreSupprimerEncore merci pour cette proposition de LC :) Il serait encore dans ma pal sinon c'est sur :)
Bisous Minou et belle soirée !
J'avais prévu de le sortir de ma PAL cette année, mais les LC sont vraiment pour moi une bonne motivation pour réussir à vider ma liste. Merci à toi de m'avoir accompagnée !
SupprimerBises, bonne soirée.
Et ta chronique est vraiment très réussie ! Comme à l'habitude :)
RépondreSupprimerMerci beaucoup :D Ton compliment me fait vraiment plaisir (je réponds à ton mail bientôt)
SupprimerC'est un livre que je découvrirais avec plaisir.
RépondreSupprimerAh je suis contente de t'avoir convaincue cette fois ! C'est un recueil qui vaut vraiment le détour, je pense.
SupprimerJ'avais lu le bonheur dans le crime et la vengeance d'une femme au lycée (à15-16 ans je crois) et j'avais bcp aimé. Heureuse que ça t'ai plu aussi. Tu me donnes envie de le relire car j'ai presque tout oublié ;)
RépondreSupprimerJ'en suis ravie. ;) Les histoires en elles-mêmes sont assez courtes, c'est normal de les oublier après tant d'années, je pense ; le style par contre me restera en mémoire encore longtemps, je pense !
SupprimerVu aussi chez l’œil qui fume et Laure. Je ne sais pas si je vais le tenter celui là :)
RépondreSupprimerBon courage pour tes obligations d’étudiantes!!! Je t'envoie plein de bonnes ondes :)
Je ne sais pas s'il te plairait vraiment... Je t'imagine plutôt de l'avis de L'oeil qui fume.
SupprimerMerci beaucoup ! J'approche de la fin, le plus gros est fait. :)
Juste un petit coucou pour te dire que je pense à toi. Je te souhaite beaucoup de courage.
RépondreSupprimerEt si tu as 2 min pense à ce soir 20h, donne nous un indice :)
Bises
Merci pour ta pensée et le courage ! :) J'ai préparé un indice pour ce soir, j'essayerai d'être ponctuelle cette fois. Je n'oublie pas. ;) Bises.
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