Ses promenades
l’emmenaient rarement au-delà du pont de Fragnée, où se rejoignent les eaux de
l’Ourthe et de la Meuse, ou alors l’été, quand il se décidait à suivre durant
plusieurs heures le sentier de grande randonnée qui filait vers le sud, le long
de l’Ourthe, entre les versants d’une vallée profonde, boisée, riante et
sombre, [...] [p. 9]
Du pont de Fragnée à celui de l’Atlas V, Daniel Charneux
promène son narrateur et son lecteur à Liège, le long de la Meuse. Entre passé
et présent, il narre l’histoire de cette ville, ainsi que les caprices du
fleuve jadis enclin à découcher et à quitter son lit. Si les liégeois seront
certainement sensibles à cette ambiance, comme Argali l’a été, il est plus
difficile aux autres lecteurs connaissant mal ou pas du tout les lieux de ne
pas se perdre parmi toutes les références. Ces dernières sont plus souvent
citées que décrites, si bien qu’entre les ponts, les bateaux touristiques et
autres péniches, les rues ou les commerces, je me suis souvent perdue et n’ai
pas réussi à imaginer véritablement le cadre de l’intrigue.
Entre passé et présent, le narrateur se promène également au
gré des souvenirs plus personnels, liés à la femme enfermée dans son mutisme qu’il
rejoint tous les soirs. Pour ne pas repenser à l’évènement qui les a séparés,
il se remémore leur rencontre, leur bonheur perdu et des récits d’enfance
entendus. C’est également pour cette raison qu’il longe la Meuse tous les
jours, s’attarde de plus en plus longtemps dans un café ou l’autre, puis
construit un mystérieux « nichoir » en bois et se lance dans l’écriture.
Il y cherche ses mots, multiplie les appositions, pour reculer encore le moment
de la révélation, tant de fois approché :
[…] oui, c’est le palimpseste de sa vie qu’il retrouvait, au cours de ces soirées plus longues, assis sur un banc du quai Marcellis, face au plongeur immobile, traçant sur la surface ivoire du carnet Moleskine le fil d’un récit qui coulait à l’encre bleu-vert du bec du stylo Pelikan tandis que le flot gris du fleuve se dévidait lentement dans le soir. [p. 103]
Un récit-fleuve dont l’écriture correspond admirablement
bien au contenu, reflétant les difficultés à écrire du narrateur tout en
conservant un style très travaillé.
[…] son histoire, leur
histoire, le petit roman banal d’un homme et d’une femme, d’un homme et d’une
ville, d’un homme et d’un fleuve. [p. 154]
[Daniel Charneux, Comme
un roman-fleuve, Avin, éd. Luce Wilquin, coll. Sméraldine, 2012]
* A la découverte des éditions Luce Wilquin *
* Littérature francophone d'ailleurs : Belgique *
* Le nez dans les livres *
Dans la même collection :
- La danse de l'abeille, Françoise Houdart
- Une aïeule libertine, Claudine Houriet
- Les mots de Maud, Jean Jauniaux
- La méridienne du cœur, Aurelia Jane Lee
- Le sous-bois, Anne-Frédérique Rochat
- Sur la pointe des mots, Marie France Versailles
Voilà un auteur que je lirai avec certitude mais ce sera avec Nuage et eau. Je ne l'ai pas pour le moment et j'ai d'autres livres à lire, mais j'espère pouvoir un jour :)
RépondreSupprimerBisous Minou (tu es d'où toi exactement ? :D )
J'espère que tu apprécieras cet auteur ! Pour Nuage et eau, Marilyne fait voyager son exemplaire (cf. article des livres-voyageurs du challenge) si ça te dit, en attendant de l'acheter éventuellement.
SupprimerD'où exactement en Belgique ? Je suis un peu plus au centre que Liège : près de Namur (je t'en dirai plus en privé si tu veux des détails ;)) Bisous.
Oui je savais que tu étais en Belgique mais du coup je me demandais bien d'où :) Je ne connais pas du tout car moi je suis à l'opposé !! :D je suis en Bretagne !! :D
SupprimerJe vais regarder sur la carte ;)
Oui tu peux m'envoyer un mail quand tu veux :D
bisous
Merci de me faire découvrir cet auteur. Je le note pour le lire un jour.
RépondreSupprimerJ'espère que tu apprécieras cette découverte.
SupprimerTu sais comme j'ai aimé " Nuage et eau ", le sujet mais aussi l'écriture, pourtant les autres titres ne me tentent pas. Quoique je vais certainement changer d'avis parce que Geneviève Damas m'a parlé d'une de ses lectures d'un roman de Daniel Charneux avec émotion, alors...
RépondreSupprimerJe m'en souviens, oui. Je ne l'ai pas écrit dans mon article, parce que ça se prêtait très bien au sujet abordé (et que j'admire toujours un tel travail de composition, comme dans La Méridienne du cœur), mais j'ai tout de même eu du mal avec son écriture et ses si longues phrases. C'est ce qui me fait hésiter à lire un autre de ses romans, notamment Nuage et eau. De quel titre t'a parlé Geneviève Damas ? J'attendrai tes impressions si tu en lis un autre. ;)
SupprimerC'est mon drame, je ne me souviens pas du titre ( c'est pour cela que je ne te l'ai pas précisé ), je pense le retrouver en fouillant dans la bibliographie. De toute façon, je n'ai plus de livres Luce Wilquin sous la main, faut agir :)
Supprimer( je tourne autour de " Colombe " de Eric Brucher et de " Accident de personne " de Anne-Frédérique Rochat )
En effet, il est temps d'agir. ;) (je me dis la même chose, il ne m'en reste qu'un sous la main, je crois que je vais craquer pour Les épines de la couronne d'Hugo Lejeune après mes examens) J'avais repéré Accident de personne, mais le titre me fait hésiter.
SupprimerD'après la discussion que j'ai eu avec l'éditrice à qui j'ai soumis ma sélection, le titre semble bien correspondre au récit, doublement. Texte dense sur le deuil, la mémoire, l'amitié mais aussi les limites de tout cela...
SupprimerJe crois que j'attendrai ton avis, si tu le lis, pour me faire une idée plus précise. Ce que tu en dis m'intéresse, mais je reste encore un peu réticente.
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