L'Oiseau des pluies, Jean Claude Thibaud



Lorsque Chocolat Cannelle m’a proposé un second partenariat avec la collection e-ros épistolaire, j’ai immédiatement accepté : j’ai gardé un bon souvenir des Lettres à un premier amant et étais curieuse de cette nouvelle correspondance érotique. Je ne regrette finalement pas du tout ma réponse positive et ai globalement apprécié cette nouvelle de Jean Claude Thibaud, malgré quelques petits bémols.

J’ai été plongée dès les premières lignes dans cette correspondance passionnée entre deux femmes momentanément séparées par les obligations professionnelles de l’une. Elles expriment dans leurs lettres le manque de l’autre, ainsi que d’un enfant, leur passion, leur détresse, et se narrent, encore une fois, leur première rencontre, puis les suivantes. Les scènes érotiques sont donc habilement entrecoupées par des souvenirs, permettant de donner une âme à ces deux corps de femmes qui s’écrivent et de s’y attacher davantage. J’ai notamment apprécié le passage sur la lecture, qui occasionne la rencontre entre les deux amantes. Celle restée à Saint-Aulaye est bibliothécaire et répond ainsi à la demande d’un coup de cœur de l’inconnue :
Rares sont les livres qui nous tiennent jusqu’à la dernière page, jusqu’à trois heures du matin, sans que l’on parvienne à les lâcher ! Quels étaient les titres se bousculant au portillon de mes frémissements ? Ce genre de roman dont on retient par cœur certaines phrases, dont on s’empare pour le dévorer loin des regards, dans un égoïsme absolu ! [p. 20]
En revanche, j’ai moins apprécié certains passages plus ou moins virulents contre la gent masculine : leur manque de délicatesse envers les femmes est notamment attaqué à plusieurs reprises, bien que le désir d’une verge semble toujours présent chez les deux narratrices. Cela participe également à la construction de leur personnage et de leur relation, mais la répétition de cette idée m’a déplu ; le dire une seule fois aurait suffi, puisque cela n’apporte d’après moi rien de plus au récit. J’ai également été un peu déçue par la fin qui, de même, apporte peu au texte d’après moi : elle est certes émouvante, mais me semble un peu de trop. A vouloir jouer la surprise dans sa chute, l’auteur l’a mal préparée.

Pour terminer cet avis sur une note plus positive, je reviens au style de Jean Claude Thibaud qui m’a bien plu : il est tout autant capable de fantaisie que de sobriété, comme le montre l’évolution du texte, entre les premières parties épistolaires très imagées et l’épilogue dans une narration classique à la troisième personne plus distant. Les scènes érotiques notamment sont l’occasion de multiplier les métaphores, dans un style luxuriant et riche, tel que je l’affectionne. Malheureusement, ici encore, ça m’a semblé parfois trop. Les métaphores suivantes par exemple m’ont semblé maladroites et un peu lourdes :
« La nuit va bientôt fermer ses volets. » [p. 7]
« Ce juin d’été a labouré mon âme » [p. 7]
« Les yeux ne perlaient pas encore une fleur de larme » [p. 23]

Dans l’ensemble, je garderai de cette nouvelle le souvenir d’un texte plaisant et agréable à lire, malgré quelques petits défauts.


[Jean Claude Thibaud, L’Oiseau des pluies, Sens, éd. Dominique Leroy, coll. e-ros épistolaire, 2012.]


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6 commentaires:

  1. Ce sera sans moi, tu sais, cette lecture..

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    1. Je m'en doute, ça ne semble pas vraiment correspondre à tes habitudes...

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  2. Bon, tu n'as pas été assez enthousiasmée pour me donner envie de le lire. Et surtout, il faut que je reste dans le créneau du challenge, si je commence à m'éparpiller je ne suis pas arrivée, moi!!! ;-)

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    1. C'est vrai que mon enthousiasme n'est pas flagrant, mais c'était plaisant tout de même (sans plus, oui...)
      De toute façon, les romans libertins sont les meilleurs textes érotiques que j'aie lus, donc c'est un excellent choix de te concentrer sur eux :D

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  3. Je ne suis pas emballée... si je puis dire ;-)

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