Comme plusieurs autres, après avoir lu le premier roman de
Gaëlle Josse, j’avais très envie de découvrir son second, tout en craignant une
déception. Celle-ci n’est finalement pas venue, l’auteure ayant une nouvelle
fois su me charmer et m’emporter dans son récit.
Après la voix de Magdalena dans Les heures silencieuses, c’est celle d’un homme que Gaëlle Josse
nous fait entendre, avec un certain talent : je n’ai jamais eu le
sentiment de lire une femme plutôt qu’un homme, prise comme je l’étais dans la
narration. Celle-ci oscille entre présent et passé, voire avenir à la
fin : François retrouve un amour perdu depuis trois ans et abandonne tout
– femme et vie professionnelle – pour aller le retrouver dans un hôpital
psychiatrique où elle est internée par sa propre volonté. Ce voyage et ces
retrouvailles sont entrecoupés par les souvenirs : la rencontre, la
relation qui s’installe, les premiers signes de mal-être, l’erreur qui leur a
coûté trois ans de séparation. Avec lucidité, François reconnaît son caractère
jaloux et difficile à vivre, mais fait montre aussi d’une immense affection
pour Sophie, qu’il surnomme de bien des façons tout au long du texte. J’ai été
très touchée par cet amour, par le drame qui l’a frappé, par sa fin brutale, et
ne peux m’empêcher de rêver à une belle fin à ce récit laissé très ouvert. Tout
comme dans Les heures silencieuses,
Gaëlle Josse n’écrit qu’une courte période de la vie de son personnage, ne
faisant que suggérer la suite, tout en ayant démontré que la vie ne suit pas
toujours les espérances des narrateurs…
Des notes et des mots :
la musique joue également un grand rôle dans ce récit, notamment celle de
Schumann (que j’ai réécoutée avec bonheur à cette occasion). Ce compositeur
est, partiellement, à l’origine de la rencontre de François et Sophie et reste
par la suite très lié à eux : ce sont ces compositions qu’elle continuera
à écouter après la séparation et qu’il ne voudra plus jouer. Celui-ci, étant
musicien, parle à plusieurs reprises de son rapport à la musique, de ses concerts
ou de ses répétitions, dans de très beaux passages, parfois poétiques.
Je ne peux nier que ce roman présente quelques défauts
(toujours cette légèreté notamment qui, si elle a son charme, n’en affadit pas
moins l’intrigue et la laisse comme survolée, à peine effleurée), mais
l’écriture de Gaëlle Josse possède cette capacité à m’emporter en me faisant
oublier ces faiblesses, que je ne décèle qu’après ma lecture, en pensant à
l’article que je m’apprête à rédiger. Tout comme pour Les heures silencieuses, je n’ai pas envie de m’attarder sur ces
bémols et préfère me souvenir de l’enchantement ressenti tout au long de ma
lecture.
[Gaëlle Josse, Nos
vies désaccordées, Paris, éd. Autrement, coll. Littératures, 2012.]
* Merci Laetii *
***
De la même auteure :
Ah, ton article est juste parfait pour moi :)). Il exprime exactement mon ressenti à cette lecture, la profondeur effleurée comme l'épilogue en suspens et surtout un très joli de lecture.
RépondreSupprimer( très agréable ta nouvelle présentation de blog )
emmyne
Merci beaucoup ! Je suis contente que la nouvelle présentation te plaise à toi aussi et surtout d'avoir su écrire cet article aussi parfaitement pour toi. :)
SupprimerJe n'ai pas été aussi touchée que par LEs heures silencieuses. Mais j'ai bien aimé quand même. A propos de l'histoire des Schumann et de Brahms, je vais lire Une étrange histoire d'amour, de Luigi Guarnieri.
RépondreSupprimerJe t'envie ! J'ai très envie de le lire aussi, mais j'aimerais le trouver en italien. J'espère qu'il te plaira. :)
SupprimerJ'ai un tout petit peu moins aimé le second que le premier, parce que je n'ai pas retrouvé la belle écriture d'essence poétique. Mais le second est quand même d'un bon niveau, assez différent, l'histoire tient bien la route, sans excès et sans pathos.
RépondreSupprimerMerci d'être revenu donner tes impressions ici et de m'avoir donné envie de le découvrir.
SupprimerAh oui, belle présentation de blog en effet, l'image de fond est bien, et la transparence juste ce qu'il faut
RépondreSupprimerMerci encore ! Je suis très contente que ça te plaise :)
SupprimerCoucou! Je suis vraiment heureuse de t'avoir permise de faire cette lecture et surtout qu'elle t'ait plue! Tu en parle superbement bien... Je n'ai pas lu le premier roman de Gaëlle Josse, qui m'attend dans ma bibliothèque. J'aime beaucoup son style sensible, court. Ses personnages sont présentés tout en émotion et on se laisse très facilement bercer par leur histoire. Je suis curieuse de lire Les heures silencieuses pour en faire inévitablement la comparaison. Une très chouette auteure! Bizzzz
RépondreSupprimerCoucou ! Encore merci pour cette très belle découverte et le compliment. D'après ce que tu dis du style de l'auteure, je pense que tu le retrouveras dans Les Heures silencieuses et qu'elles te plairont : je l'espère en tout cas !
SupprimerBiz.
Ah oui j'ai oublié, j'aime beaucoup ta nouvelle présentation!! Je la trouve plus légère et plus claire!! Bravo ;-)))
RépondreSupprimerMerci! Je suis ravie qu'elle te plaise. :)
SupprimerMoi j'ai mieux aimé celui-ci que le premier... justement parce qu'il est si Schumannien!
RépondreSupprimerCa ne m'étonne pas. ;)
SupprimerJ'ai l'impression d'être la seule à ne pas savoir choisir pour le moment : bien que je n'ai pas pu m'empêcher de les comparer et qu'ils étaient proches par certains aspects, les univers étaient suffisamment différents pour que je les apprécie sans en préférer un à l'autre.