« Je suis noire, mais je suis belle », dit
l’amoureuse du Cantique des cantiques.
[…] Et que, de A jusqu’à Z, on fasse l’éloge des beautés brunes. Sans
« mais ». [p. 14 et 15]
Contre et avec cette citation du Cantique des cantiques, Elsa Marpeau a choisi de faire l’éloge des
beautés noires et métissées, sous forme d’un alphabet, du « A comme
Ava » au « Z comme Zélotes », sans négliger le « B comme
Bohémienne », « D comme Diabolique » ou le « T comme
Tentatrice ». La figure de la brune est construite par opposition à celle
de la blonde, femme créée par l’homme selon son désir, c’est-à-dire belle, pure
(la Vierge), tout en étant responsable du péché originel (Eve), stupide, douce
et, surtout, n’empiétant pas sur ses territoires (guerre et pouvoir). La brune
ne serait donc pas tout à fait femme et posséderait quant à elle quelques
caractéristiques viriles : elle est guerrière, sensuelle et dangereuse
pour ces deux raisons. Si elle est traditionnellement la laide méchante des
contes (cf. Cendrillon, pour ne citer que cet exemple), elle est aussi la belle
étrangère, qui suscite le désir de l’interdit.
Ces idées préconçues existent depuis l’Antiquité en Europe
et structurent encore la conception actuelle de la beauté, qui semble néanmoins
évoluer vers une préférence des hommes pour les brunes : de nombreuses
œuvres, tant littéraires, musicales, picturales et cinématographiques, le
prouvent. Le petit éloge d’Elsa Marpeau en cite un grand nombre à l’appui de sa
thèse et m’a intéressée pour cette raison : par ce parcours historique de
la blondeur et de la « brunité », est également retracé une autre
histoire de l’art, de l’idéal vers le réalisme, tout en conservant un certain
manichéisme entre ces deux types de femmes (dont est exclu la rousse, l’un de
mes rares regrets quant à cette lecture).
Pour conclure, malgré ce regard masculin, « les femmes
sont, et c’est heureux, plus complexes que leurs chevelures ! » [p.
55]
Dans la même série :
- Janvier 2007 – petit éloge : d'un solitaire, du temps présent, de l'excès, de la peau
- Octobre 2007 – petit éloge : de la douceur, des grandes villes, de la jalousie, de l'enfance, de la bicyclette
- Septembre 2008 – petit éloge : des faits divers, de la haine, de la colère
- Septembre 2009 – petit éloge : de la vie de tous les jours, de la rupture, des petites filles, du catholicisme
- Septembre 2010 – petit éloge : des voisins, de la paternité
- Septembre 2011 – petit éloge : de la joie, du cinéma d’aujourd’hui, de la première fois, des amoureux du silence
- Septembre 2012 - petit éloge : des séries télé, des coins de rue
- Mai 2013 - petit éloge : des vacances, du Tour de France
- Septembre 2013 - petit éloge : du désir (lecture à venir)
- Joyeux Noël - petit éloge : de la mémoire, du sensible, de la gourmandise, de l'ironie
Je crois que c'est cette autre histoire de l'art qui m'intéresserait et cette historique des ces idées préconçues, bref, l'histoire de l'image de la femme, malgré ton bémol manichéen.
RépondreSupprimerDans ce cas, tu serais satisfaite, mais c'est aussi assez fouillis : l'ordre est celui d'un abécédaire qui répète beaucoup les mêmes idées, sans ordre chronologique. C'est une bonne introduction au sujet.
SupprimerMazette, on voit qu'il manque quelques heures de sommeil... " cet " historique de ( pas des ! ), désolée. Ah, le répétitif fouillis, ça ne m'emballe pas.
SupprimerJe m'en doutais, c'est aussi pour ça que j'ai préféré te prévenir...
SupprimerA lire entre deux gros romans, non ? Sans en attendre beaucoup : mes com' sont de plus en plus élaborés, fichtre !
RépondreSupprimerCe serait exactement ça, oui. :)
SupprimerJ'ai le sentiment que ton billet est suffisant sur un sujet qui m'aurait bien intéressé pourtant.
RépondreSupprimerBéatrice, elle est blonde, hein ? ;p
C'est vrai que je n'ai pas pu m'empêcher de résumer la thèse principale qui revient à chaque lettre ; si l'auteur n'avait pas été si répétitive, je n'aurais pas tout dit en si peu de mots. Si je trouve un ouvrage plus complet sur le sujet, je te le transmettrai également.
SupprimerComment Béatrice pourrait-elle être brune ? ;p Ca ne nous aurait pas fait de tort et aurait peut-être un peu dégourdi Dante pourtant...
C'était loin d'être un reproche de ma part. Comme tu l'écris, si l'auteur ne se répétait pas, tu aurais eu plus de marge de manœuvre.
SupprimerJe crois qu'il aurait fallu plus qu'une couleur de cheveux pour déniaiser Dante ;)
Existe-'il un petit éloge des rousses? Ma dernière lecture consacrait de belles pages à cette couleur de cheveux.
RépondreSupprimerMalheureusement, non, la liste complète de la série est sous mon article. Quelle est cette dernière lecture ? (cela m'intéresserait)
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