Et dans ses veines coulait la sève, Emmanuelle Cart-Tanneur

Contrairement aux autres recueils de nouvelles que j’ai lus ce mois-ci, celui d’Emmanuelle Cart-Tanneur n’est pas construit autour d’un thème ou d’une construction particulière : y sont abordés des sujets aussi divers que la lecture et l’art, les meurtres, la mort et le deuil, la guerre et les querelles familiales. D’une veine assez fantastique, l’auteure passe aisément à une autre d’inspiration plus noire ou réaliste, en semblant à l’aise dans toutes. Qu’elle choisisse d’intégrer une chute, de jouer plutôt sur l’émotion ou d’aborder des sujets plus délicats, tels que la délation et les conflits raciaux, tous les tons paraissent justes, bien dosés et maîtrisés. Dans cet ensemble hétéroclite, chaque nouvelle constitue une surprise, une « terre inconnue » à découvrir.

Parmi tous ces textes, ce ne sont pas les plus étonnants ou originaux qui ont retenu mon attention, mais plutôt deux nouvelles qui se placent à la limite de l’onirisme pour évoquer des conflits entre deux « peuples ». La funambule se place sur le fil entre le réalisme et l’abstraction, laissant à la fois deviner la guerre qu’elle évoque et rendant cette donnée insignifiante. Seule compte la ligne de démarcation et la marche de la funambule, artiste et héroïne populaire. Ce texte m’a paru l’un des plus réussis par sa force évocatrice et son abstraction littéraire, qui lient par ce procédé aussi bien le fond que la forme. Plus loin, une autre figure féminine comprendra quant à elle qu’Il suffit parfois de passer le pont pour briser les frontières et les querelles qui empoisonnent les existences. Deux marches symboliques, chacune à leur niveau, pour affirmer la volonté de paix et d’harmonie.

[Emmanuelle Cart-Tanneur, Et dans ses veines coulait la sève, Paris, éd. Terre d’auteurs, 2013]
* SP reçu de l’auteure *

3 commentaires:

  1. Tu défends bien ce recueil dis-moi! Tu m'as donné envie de m'y intéresser!

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    1. Tant mieux ! Il le mérite. :)

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    2. Métaphore, ce serait un grand plaisir pour moi !
      (et merci à Mina pour t'avoir donné cette envie... :-))

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