Un second mois de lectures "à l'étranger"

L'été se poursuit, de même que mes lectures, qui furent cette fois moins conformes à mon projet : sur les douze réalisées, seules cinq n'étaient pas francophones. J'ai évoqué (ou le ferai prochainement) tous les ouvrages traduits de l'anglais et n'ai banni de mon blog qu'une seule déception, traduite du roumain. Si je respecte mieux mes résolutions pour le dernier mois d'été, mon prochain bilan sera linguistiquement plus varié (il me reste plusieurs pays d'Europe à découvrir par leur littérature).

J'ai tout d'abord terminé Rebecca de Daphne Du Maurier (traduit par Denise van Moppès), qui m'a moins plu qu'à la plupart des blogueuses dont j'avais lu les avis. Comme je l'expliquerai dans mon article, ma première idée de l’œuvre a été faussée par la comédie musicale qui en a été tirée et a participé à ma déception face à un récit si banal. Je comprends pourquoi d'autres ont aimé ce texte intimiste, mais n'ai quant à moi pas été attirée par les ambiances déployées. Je suis ensuite resté tout aussi indifférente face aux Petits bavardages sans importance d'Elizabeth Bowen (traduits par Françoise Brodsky) : le titre, très justement choisi, annonce parfaitement les dialogues vides de sens et les petits faits sans intérêt narrés afin de dénoncer l'hypocrisie de la société anglaise. J'ai d'ailleurs très rapidement oublié ces nouvelles, et il en sera probablement de même du voyage à Londres d'Helene Hanff, alias La duchesse de Bloomsbury street (traduit par Jean-Noël Liaut) : j'ai à nouveau été séduite par la verve de cette auteure, mais ai eu bien du mal à m'intéresser à ses aventures londoniennes et aux lieux qu'elle visitait. Son émotion m'a davantage marquée que les faits ou les lieux évoqués. Enfin, j'ai tout de même apprécié avec moins de réserve une de mes lectures anglophones, Maine de J. Courtney Sullivan (traduit par Camille Lavacourt et gentiment prêté par Philisine). Ce roman familial met en avant quatre femmes, l'aïeule, entourée de l'une de ses filles et de la fille de celle-ci, ainsi que de sa bru. Toutes ont un caractère bien affirmé, plus ou moins dissimulé sous le voile des bienséances. Encore une fois, l'hypocrisie mondaine est montrée du doigt, dans un roman polyphonique lent et à l'écriture précise.

Ma déception roumaine est l'un de mes achats de la Foire du Livre, dont j'attendais peut-être trop, en raison du titre et de la trompeuse quatrième de couverture : A l'ombre d'une fleur de lys de Mircea Eliade (traduit par Alain Paruit) est annoncé comme un recueil de "cinq nouvelles qui vont de l'adolescence à la vieillesse, comme un roman", et je n'y ai trouvé aucun de ces deux aspects. Les textes réunis ne suivent aucune continuité qui puisse les apparenter à un roman, ni même un parcours qui mènerait le lecteur d'une étape à l'autre tout au long d'une vie. Le seul point commun que j'y aie trouvé a été la sensation de lire cinq dialogues de sourds : les personnages ne s'écoutent pas les uns les autres, s'interrompent mutuellement, ou excluent le lecteur de leur récit par des allusions non explicitées et le recours à des références religieuses peu connues (voire fictives). Excepté lors de la nouvelle centrale, Les fossés, j'ai eu l'impression désagréable de ne rien comprendre à ce que je lisais ; c'était à la fois frustrant et vexant.

Ma lecture en cours n'est guère plus facile à comprendre, mais je savais cette fois où je m'engageais en voulant suivre les pas de Dante de l'Enfer jusqu'au Paradis : j'ai commencé la dernière partie de la Divine Comédie et tente de ne pas me perdre en route, entre deux raisonnements théologiques, pendant lesquels mes lacunes dans cette matière se font cruellement sentir. Dans un tout autre registre, j'ai également entamé un nouveau voyage dans le puant Paris du XVIIIe siècle, à la recherche du Parfum de Süskind, en compagnie de Métaphore, pour qui il s'agit également d'une relecture (si vous souhaitez vous joindre à nous, c'est chez elle qu'il faut s'inscrire)


8 commentaires:

  1. Ce que j'ai lu de la littérature roumaine n'était pas facile, et j'ai effectivement remarqué que le thème de l'incommunicabilité y était souvent présent. Ceci étant, je n'ai encore jamais lu M.Eliade et j'ai toujours accroché aux quelques autres titres roumains que j'ai lu ( tu me rappelles d'ailleurs qu'il m'en reste un. Prometteur. Hum )

    Sinon, Bruxelles confirmé, te dis tout bientôt en MP.

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    1. Ca me rappelle quant à moi que c'est aussi le cas dans la littérature italienne (j'ai eu un parcours thématique de la littérature moderne italienne sur ce thème justement), mais différemment d'après mes souvenirs. De Mircea Eliade, j'ai lu La nuit bengali, qui traitait aussi de l'incommunicabilité, mais entre les cultures et le lecteur partageait l'incompréhension du narrateur : ici, je me suis senti exclue du texte. J'irai voir sur ton site ce que tu as présenté, je trouverai peut-être davantage mon bonheur.

      J'attends ton MP et surtout ton arrivée !

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  2. J'avais beaucoup aimé Rebecca aussi, mais ma lecture remonte au temps où j'étais ado. Je vois que tu fais/prépare toujours des billets mitigés. Mon commentaire sur l'un de tes précédents billets était donc sans doute inutile.
    C'est costaud comme lecture, Dante, vu la multiplicité des références. Encore un livre dont j'ai quasiment tout oublié, il faudrait que je le relise quand je serai courageuse... et que j'aurai beaucoup de temps devant moi! En revanche, je n'ai aucune envie de relire Le parfum, que je n'avais pas du tout aimé. Ce sera intéressant de lire ton avis à son sujet.

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    1. J'ai l'impression que beaucoup de personnes ont lu Rebecca en étant ado ; cette fois, c'est moi qui arrive après la bataille (peut-être trop, d'ailleurs, puisque je suis davantage restée à côté de l'histoire) Mon article est prêt, et je n'attends plus que ma co-lectrice pour le publier, après en avoir discuté avec elle.
      Je confirme pour Dante... Les notes de la traductrice me sont de plus en plus précieuses au fil de mon avancée, même si une analyse plus poussée ne m'aurait pas déplu : j'ai encore l'impression de rester en surface et oublierai moi aussi tout ou presque.
      J'arrive à la fin du Parfum, et ça me plaît beaucoup : j'ai encore du mal à savoir que dire exactement dans mon article qui n'ait pas été répété cent fois, mais j'en écrirai un et attendrai ton retour pour savoir ce qui t'y a déplu.

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    2. Le parfum aussi, je l'ai lu quand j'étais ado. Tout ce que je peux en dire, c'est que c'était trop glauque et trop crade pour l'âme sensible que je suis! C'est sans doute un très bon livre, mais ce n'est pas un livre pour moi. :-)

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    3. Ah je comprends mieux ! Ca l'a aussi parfois été pour moi, mais j'ai déjà lu plus insoutenable, donc ça n'a pas été un problème majeur ici. Je ne chercherai pas à te convaincre dans ces conditions. ;)

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  3. J'avoue que, mis à part Ionesco et Gheorghiu, je n'ai pas lu d'auteurs roumains.

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    1. Je peux donc compter Ionesco aussi, mais idem, je n'ai pas apprécié...

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