Miraculeuse Maryllis, Frédéric Chanel



Après l’Histoire de culte de Dominique Maes, je poursuis ma découverte de la collection érotique des éditions Murmure des soirs avec la Miraculeuse Maryllis de Frédéric Chanel, premier tome de la tétralogie De chair et d’os. Là encore, dès le titre, transparaît un rapprochement irrévérencieux avec la religion, présent au sein du texte par l’extase du narrateur face à la prostituée Maryllis et par l’existence même de cet ouvrage qu’il lui consacre comme d’autres l’ont fait pour un autre homme « miraculeux ». À la fois déclaration d’amour charnel, portrait féminin et autoportrait, ce petit texte est pour moi un inclassable* : l’auteur brouille aussi habilement les frontières entre les genres qu’entre ses sentiments (amour ? désir ? passion ?) ou qu’entre la fiction et la réalité. Quelques anecdotes ou allusions à d’autres tomes de la tétralogie laissent entendre qu’il s’agit d’une autofiction, mais cela paraît peu souvent au cours du texte et laisse le lecteur dans l’inconnu (peut-être pour ne pas laisser retrouver cette Belle exceptionnelle ?) L’allusion la plus explicite à ce sujet concerne le pseudonyme de l’auteur :
[Le narrateur a pour habitude de lui offrir un des parfums de Chanel] Existerait-il un dicton propre à Maryllis, selon lequel on deviendrait ce qu’on offre ? Apparemment oui, puisque me voici, du coup et aussi sec, par elle rebaptisé Chanel ! Chanel, désormais et à jamais ! Ce Chanel dont j’ai depuis lors fait mon nom de plume… Ce que je confie sans fard, même s’il faut pour ce faire dissiper quelque peu l’aura de mystère dans laquelle j’aime à me draper. [pp. 29-30]

Plutôt que par Maryllis, j’ai personnellement été séduite par le style de l’auteur, que je lirai à nouveau avec plaisir : il s’étend dans de longues phrases, parfois énumératives sans ne jamais l’être trop, conserve toujours un ton soutenu, même dans les tournures les plus orales (au sens d’exclamatives, par exemple, et non familières), et a un petit côté grandiloquent désuet qui achève de me plaire.

* J’ai d’ailleurs hésité à le classer dans les nouvelles ou dans les romans, puisqu’il est à la fois fort long et trop court pour ces deux catégories respectives ; ses 70 pages en font sans doute une novella.

[Frédéric Chanel, Miraculeuse Maryllis, Esneux, Murmure des soirs, coll. Érotique, 2012]

* Littérature francophone d'ailleurs : Belgique *

Dans la même collection :

1 commentaire: