La collection « Petite
philosophie du voyage » invite Patrice de Ravel, éditeur et libraire, à
livrer son goût pour le canoë. Le voyage à la pagaie ouvre des horizons aussi
variés que les émotions et sensations qu’il procure. Les cours d’eau
abandonnent à leurs rives leur rôle de frontière pour devenir un intervalle
indécis sur lequel voguent les désirs d’évasion.
Pour mon retour vers cette collection de Transboréal, assez
délaissée depuis la fin de mon challenge, j’ai choisi un volume dont le sujet me
parle assez peu, mais dont le titre a su exercer son attrait sur moi : la caresse de l’onde, le « geste
immémorial que chaque canoéiste perpétue. » [p. 12] Ma méconnaissance de
cette embarcation a parfois été dérangeante face à certains termes techniques
non explicités et dont je n’ai pas su deviner le sens. Heureusement, ces
passages n’étaient pas trop nombreux, et ce fut également pour moi l’occasion d’apprendre
grâce à ce témoignage très fluide, riche en réflexions. Les anecdotes n’y ont
jamais pris le pas sur celles-ci et ne servaient que d’exemples brefs ; Patrice
de Ravel est parvenu à trouver un juste équilibre, exactement comme sur un
canoë.
Cette embarcation créée par les indiens du Canada (pays auquel
elle est associée pour cette raison) et adoptée tardivement par les européens,
qui ne se voyaient pas utiliser un outil si « primaire », permet
pourtant aussi bien de voyager que de s’abriter de la pluie lors des haltes ou
d’y manger en s’en servant comme d’une table. De plus, ce moyen de transport
léger ne laisse aucune trace de son passage ; l’auteur en profite pour
évoquer les traces de la pollution que l’on peut rencontrer le long des cours d’eau,
ainsi que les dégâts des barrages. À cette occasion, il interpelle le lecteur
sur la nécessité de certains comportement ou structures, qui causent selon lui
plus d’inconvénients que d’avantages.
L’un des attraits principaux du canoë que j’ai retenu de ce
petit volume est sa position d’entre-deux, idéale pour conserver l’équilibre
sur ce bateau, tout en se situant également à la marge : le canoéiste se
retire des terres, tout en restant à la surface de l’eau, et profite ainsi d’un
point de vue différent. Il découvre aussi bien les coins reculés et peu
accessibles à pied que la périphérie des villes, les arrières des maisons – ce qu’on
cherche à cacher – ; il perçoit également les lieux urbains à partir d’un
angle différent, plus bas.
Un témoignage réflexif très intéressant, qui m’a beaucoup
plu (en tant que novice, voire inculte ; cela m’intéresserait de savoir si
quelqu’un de plus expérimenté dans la pratique de ce type de voyage y
trouverait également son compte).
[Patrice de Ravel, La
caresse de l’onde. Petites réflexions sur le voyage en canoë, Paris,
Transboréal, coll. Petite philosophie du voyage, 2009]
Dans la même collection :
- Le goût de la politesse, Bertrand Buffon
- La poésie du rail, Baptiste Roux
- Les bonheurs de l'aquarelle, Anne Le Maître
- L'écriture de l'ailleurs, Albéric d'Hardivilliers
- La magie des grimoires, Nicolas Weill-Parot
- La soif d'images, Matthieu Raffard
- Les arcanes du métro, Baptiste Roux
- Les sortilèges de l'opéra, Julie Boch
- Les vertiges de la forêt, Rémi Caritey
- Le charme des musées, Frédérique Bardon
- Le temps du voyage, Patrick Manoukian
- L'écho des bistrots, Pierrick Bourgault
Noté! (ma bibli le possède) . Et comme j'ai lu un récit de voyage en canoe, ça pourrait compléter...
RépondreSupprimerJ'attendrai ton avis, notamment pour cette comparaison. ;)
SupprimerJe note aussi :) j’espère ne pas trop être dérangée par les termes techniques, j'y connais rien non plus en canoë
RépondreSupprimerComme je l'ai indiqué, ils ne sont pas trop nombreux, et certains sont assez faciles à comprendre par le contexte ; il faut surtout éviter de se laisser décourager par le premier paragraphe où ils semblent tous réunis dans un "pack" en quelque sorte.
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