Tout comme dans Le Centre de recherches sur la jeunesse en
déroute (dans le recueil collectif Jeunesse),
Kenzaburô Ôé met en scène le mal-être des jeunes japonais dans les années
soixante, cette fois à travers le personnage d’un adolescent qui vient tout
juste d’avoir dix-sept ans. Dans un autre texte, le verbe « fêter »
aurait été de circonstance, mais pas ici : à l’exception de sa sœur qui le
provoquera, tous les membres de sa famille ont laissé passer ce jour sans y
prendre attention et ne lui témoignent qu’indifférence. Seul, mal dans sa peau,
mal à l’aise avec les autres, renfermé sur lui-même, apeuré, il représente une
proie facile à manipuler pour l’extrême-droite qui l’attirera et lui permettra
de devenir un autre : sûr de lui, violent et tout entier dévoué à Sa
Majesté Impériale. C’est donc un personnage particulièrement antipathique que
dépeint l’auteur, tout au long de cette nouvelle, mais il parvient à susciter
la compassion et surtout la fascination envers lui. En se croyant spectateur « innocent »
du parcours de ce narrateur, le lecteur est néanmoins témoin de cette
transformation intérieure autant qu’extérieure et impliqué, qu’il le veuille ou
non.
[Kenzaburô Ôé, Seventeen, trad. par Ryôji Nakamura et
René de Ceccatty, Paris, Gallimard, coll. Folio 2€, 2012.]
* Cercle de lecture : les nouvelles *
* Défi 100 pages *
Ce billet me donne très envie de découvrir ce roman, merci!
RépondreSupprimerJ'espère que cette nouvelle te plaira alors.
Supprimer