L'odeur du figuier, Simonetta Greggio



L’odeur du figuier, la lecture, la sensualité, la solitude, la déchéance des amours et des êtres sont autant de thèmes qui parcourent les cinq nouvelles de ce recueil de Simonetta Greggio. La première, Acquascura, se déroule en Italie, au bord de la mer, où un couple se défait lentement, presque imperceptiblement, à travers quelques petits évènements. Le ton est donc très descriptif et contemplatif, en jouant sur les ambiances davantage que sur les actions. Simonetta Greggio excelle dans cette écriture sensible des lieux, en convoquant chacun des sens du lecteur, comme le montre le début de cet extrait : 
La maison sentait le romarin, le bois flotté et les vieux bouquins mouillés par la pluie et séchés par le vent ; certaines pages avaient jauni et étaient devenues illisibles. Après avoir lu les livres qu’ils avaient emmenés avec eux, Chiara et Tsvi reprenaient ceux qui étaient restés dans la bibliothèque de la grande pièce. […] Ainsi allaient leurs vacances, celles-là comme les autres. [pp.21-22.] 
Après ces vacances italiennes, la seconde nouvelle, Plus chaud que braise, revient à Paris et insiste encore davantage sur le thème du couple, de sa naissance à sa fin, avec une dimension sensuelle plus forte, qui sera encore accentuée dans L’année 82. Les êtres s’y font plus importants que les lieux, mais le style demeure aussi juste. Dans les deux derniers textes, ce mouvement s’accentue, mais j’ai eu plus de mal à comprendre où l’auteure voulait en venir et ai regretté la présence de ces deux nouvelles qui paraissaient forcées par rapport aux premières. 

Enfin, la nouvelle centrale, Quand les gros seront maigres, les maigres seront morts, se distingue par la mise en scène d’un seul personnage, plutôt qu’un couple : la chaleur, toujours présente, se fera écrasante et meurtrière pour le veuf bougonnant. Simonetta Greggio fait là preuve d’un bon sens du crescendo, sans en faire trop, toujours avec beaucoup de sensibilité. 

L’ensemble de ce recueil est malheureusement trop inégal pour que je reste sur ma si bonne première impression laissée par Acquascura, mais m’aura au moins fait découvrir cette auteure, que je lirai sans doute à nouveau avec l’un de ses romans. 

[Simonetta Greggio, L’odeur du figuier, Paris, Le Livre de poche, 2012.] 

* Littérature francophone d'ailleurs : Italie *
* Cercle de lecture : les nouvelles *

8 commentaires:

  1. Il y a plusieurs billets sur cette auteur en ce moment mais j'ai l'impression que plusieurs personnes sont comme toi : avis partagé, sentiment de rester sur sa faim. Merci pour tes billets !

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    1. J'ai cru le remarquer aussi, au moins pour ses nouvelles. J'ai lu des avis plus favorables pour ses romans, peut-être est-elle plus à l'aise dans cette forme littéraire.
      Merci à toi pour ce "viaggio".

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  2. Je ne pense pas lire ses nouvelles, je préfère les romans de manière générale. Je te conseille vraiment Col de l'ange ;) Mais aussi Les mains nues que j'avais beaucoup aimé.
    gros bisous Minou :)

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    1. Je m'en doutais et ne te les conseillerais pas... A part peut-être la première de ce recueil-ci. J'ai bien retenu ta recommandation. ;)
      Bisous.

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  3. J'aime beaucoup les nouvelles mais là j'ai comme un doute concernant ce recueil. Bises.

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    1. Si Folio 2€ ou Librio publiait les deux premières nouvelles dans un petit volume, je te le conseillerais et insisterais davantage, mais pas avec le recueil entier. C'est bien trop inégal selon moi et d'autres lecteurs.

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  4. dommage que tu aies été déçue
    les nouvelles sont souvent d'inégale valeur dans les recueils

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    1. Pas forcément, j'ai lu des recueils plus égaux : pas forcément dans les thèmes, mais la qualité était globalement la même. Ici, j'ai vraiment eu l'impression d'une fin de recueil bâclée pour remplir les pages.

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