Le plus petit baiser
jamais recensé. Un millième de seconde, pulpe et duvet compris. À peine une
effleure, un origami. Une esquisse de court-circuit. Un taux d’humidité incroyablement
proche de zéro, quelque chose de l’ordre de la poussière d’ombre. Le plus petit
baiser jamais recensé. […] Impact de
lumière et puis plus rien. Disparue. [p. 11]
C’est sur ce début très abrupt que commence le roman de
Mathias Malzieu : aussitôt après « le plus petit baiser [volé] jamais
recensé », la jeune fille disparaît. Non pas en s’enfuyant de façon
classique (quelle banalité !), mais en devenant invisible. Séduit, le
voleur de baiser se lance à la poursuite de sa charmante dulcinée invisible, en
suivant les conseils d’un grand détective privé à la retraite, qui lui confiera
son perroquet, le meilleur pisteur de filles « un peu trop jolies ».
Comme l’auront compris les fans, l’auteur poursuit son œuvre
littéraire dans la même esthétique décalée que dans ses romans précédents. J’ai
eu le sentiment qu’il allait même encore plus loin que dans La Mécanique du cœur, dont il reprend le
héros, et délaissait l’ancrage avec la réalité que j’y avais apprécié. Les
évènements étranges y sont plus nombreux et font basculer le récit dans le
conte noir, au détriment d’une oscillation entre « réalité » et rêve.
Le thème abordé au-delà de la fantaisie reste également
proche de celui de La Mécanique du cœur,
puisqu’il s’agit des relations amoureuses : si la jeune fille disparaît
après le baiser, c’est par peur de l’amour et du mal qu’il peut causer. Le
héros au cœur cassé n’est pas exempt de cette crainte non plus et cherche
comment faire confiance à nouveau après une histoire douloureuse. Cette
question est filée tout au long du roman, avec beaucoup de finesse et de
fantaisie.
Note 1 : dans cette
histoire d’amour, il est également question de chocolat. Grâce au chocolatier Hugo
& Victor, la fiction est devenue
réalité, et il est possible de goûter ces « plus petits baisers jamais
recensés » en chocolat. Je les ai personnellement trouvés très bons (je
raffole de ce caramel à l’orange sanguine), bien qu’il était question de
chocolat au lait dans le roman, et non de chocolat noir (oui, je chipote ici et
ai quand même terminé la boite très vite). La boite est justement très réussie
et m’a réellement donné l’illusion d’un carnet avant que je n’essaie de l’ouvrir
comme tel. (De là à payer 20€ pour 12 pralines, il y a tout de même une marge pour moi, aussi agréable qu'ait été l'expérience...)
Note 2 : ce roman
est présenté comme une suite métaphorique de La Mécanique du cœur, mais j’ai également perçu une référence à
Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi et eu l’impression de ne pas en comprendre d’autres qui pourraient être
liées à d’autres romans de l’auteur. Pour cette raison, il me semble préférable
de connaître l’œuvre de Mathias Malzieu (ou au moins La Mécanique du cœur) pour profiter pleinement de cette lecture-ci.
[Mathias Malzieu, Le
plus petit baiser jamais recensé, Paris, Flammarion, 2013]
Du même auteur :
* Merci Virginie pour l'envoi de ce SP *
Du même auteur :
J'avais adoré Maintenant qu'il fait toujours nuit sur toi et j'en ai d'autres à lire dans ma PAL. Mais c'est sûr que je lirai celui-ci aussi le pense :)
RépondreSupprimerbisous Minou ;) bonne journée !
J'ai aussi lu Maintenant qu'il fait toujours nuit sur toi, mais lui avais préféré La mécanique du coeur. J'espère que tu continueras à être séduite par cet auteur. ;) Bonne lecture.
SupprimerBisous et bonne journée.
J'aime bien Mathias Malzieu même si son petit dernier ne m'avait pas convaincue. Bisous.
RépondreSupprimerJ'ai vu sur quelques blogs que tu n'étais pas la seule, mais celui-ci est apparemment davantage dans la veine de La mécanique du cœur et renoue avec ses romans précédents, contrairement au précédent. Bisous.
SupprimerMathias Malzieu est un auteur que j'aime beaucoup pour son univers poétique et particulier. Je prends note de ce roman dont je n'avais encore jamais entendu parlé ;)
RépondreSupprimerIl est sorti le 20 mars, donc tout récemment. ;) Je n'en avais pas entendu parler non plus, c'est un peu étrange d'ailleurs... Je pense que ce roman-ci te plaira si tu adhères à son univers et à son écriture.
SupprimerToujours pas lu cet auteur, pas certaine d'apprécier son univers. Les premières phrases que tu cites ne me rendent pas gourmande, ce que tu dis du récit mon plus ( à mon grand regret, chocomaniac comme je suis ^^. Vive la Belgique ;-))
RépondreSupprimerJ'avais apprécié son univers dans La Mécanique du cœur, mais ai été un peu plus réticente cette fois face à tant de fantaisie : à petites doses et à des moments bien choisis, c'est agréable. Je comprends tes réticences et ne suis pas vraiment sure non plus que tu apprécierais, d'après ce que je sais de toi par ton blog (je peux me tromper, mais je ne chercherai pas à modifier ton intuition en tout cas).
SupprimerLe chocolat était bon, mais je n'ai jamais dit qu'il valait le chocolat belge, pas sûr que tu manques tant de choses finalement.(Je vois que tu as de bons goûts en matière de chocolat ;))
J'ai aussi été contactée pour chroniquer ce roman, que j'ai très tr;s hâte de découvrir puisque j'adore l'auteur ! Je n'ai donc pas lu ton avis en entier, mais de ce que j'ai pu apercevoir il en vaut la peine ;)
RépondreSupprimerJ'ai eu quelques réserves, mais dans l'ensemble, c'est un roman agréable à lire et qui devrait certainement te plaire. J'attends ton avis avec impatience ! Tu organiseras aussi un concours ? Si oui, je renverrai vers ton blog les perdants du mien, pour qu'ils puissent retenter leur chance. ;)
SupprimerJe n'ai lu que "Métamorphose en bord de ciel" mais j'ai adoré. Il est des livres qui vous changent un peu. Ce fut le cas de celui-là. Je découvrirais celui-ci volontiers.
RépondreSupprimerDécidément, cet auteur a vraiment marqué plusieurs lectrices. J'espère que celui-ci te plaira. J'organise un concours pour gagner ce livre, tu ne veux pas tenter ta chance ?
SupprimerVoilà un auteur que je n'ai jamais lu mais dont j'ai beaucoup entendu parler, souvent en bien d'ailleurs. Son univers a l'air proche de celui des contes de fées des 17è et 18è siècles, je le note !
RépondreSupprimerJe n'avais jamais fait le rapprochement, mais c'est vrai qu'il y a des similitudes indéniables avec les contes des 17e et 18e siècle. J'espère qu'il te séduira toi aussi !
SupprimerJe l'ai vu plusieurs fois à la librairie mais je n'arrive pas à passer le pas.
RépondreSupprimerQu'est-ce qui te fait hésiter ? Connaissant tes goûts, assez proches des miens par certains côtés, je crois que je comprends ta réticence : si une amie ne m'avait pas prêté deux de ses romans, je n'aurais sans doute pas passé le pas non plus. J'envisage de le faire voyager, si ça te dit d'essayer en prenant moins de risques... ;)
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