Petit éloge - septembre 2012



Les Petits éloges de Folio constituent une collection que j'aime beaucoup, notamment pour sa diversité. En effet, les auteurs sont libres de choisir le sujet de leur éloge, ainsi que la façon de le traiter : certains choisissent l'essai, d'autres la nouvelle, les aphorismes, le témoignage ou encore le théâtre.

Il semblerait que le succès de ces petits livres s’essouffle : de quatre parutions l’an dernier à la même période, Folio est passé à seulement deux pour cette rentrée littéraire 2012. Cette fois encore, j’ai été déçue par le petit éloge dont le sujet m’intéressait le plus a priori : les coins de rue. Les séries télé selon Martin Winckler contrebalancent heureusement bien cette déconvenue et sont très intéressantes, sans être un coup de cœur.


Petit éloge des séries télé
Martin Winckler
(lu le 05 novembre 2012)

Libellés : essai, témoignage

Écrites, tournées et diffusées en léger différé avec leur époque, les bonnes séries télévisées portent un regard incisif sur la société. Le genre mérite donc non seulement l’attention, mais aussi le respect. En Amérique, il les a depuis longtemps gagnés. En France, il n’est pas interdit de lui donner un petit coup de pouce – c’est l’objet de ce livre. [p. 17]


Amateur de séries télévisées depuis plusieurs années et auteur de quelques ouvrages sur le sujet, Martin Winckler était tout indiqué pour faire l’éloge de ce genre artistique. Il justifie son choix dans un prologue très personnel, par quelques souvenirs d’enfance dans les années soixante. Il souhaite avant tout revaloriser cette création souvent dénigrée en France et exposer ses idées à ce sujet. Il critique notamment l’attitude de certaines chaînes françaises vis-à-vis des séries : mauvais doublages, recoupes des scènes trop polémiques dans les séries étrangères, censure et blocage de la création originale française, entre autres. Certains des exemples qu’il cite sont particulièrement parlants et choquants lorsqu’on l’ignore. Tout en conservant un regard critique, Martin Winckler n’oublie pas qu’il rédige avant tout un petit éloge et fait preuve d’un enthousiasme très communicatif, notamment lorsqu’il évoque ou parle plus longuement de séries qu’il apprécie. Celles-ci lui permettent de développer une réflexion très intéressante sur le rôle de cet art : être un miroir de la société et la remettre en cause. L’ensemble de ce discours est bien construit, de façon assez fragmentée (j’aurais personnellement préféré un texte tout à fait suivi, mais je chipote).

Si j’ai personnellement beaucoup appris à propos des séries télévisées, que je connais finalement très peu, je pense que ce ne sera pas le cas des fans : les termes comedies et dramas leur seront certainement moins étrangers qu’à moi, pour ne citer que cet exemple. Néanmoins, cet ouvrage pourrait les intéresser pour les idées développées par Martin Winckler, de façon assez synthétique. Ils seront également certainement sensibles à la passion de l’auteur. Bref, un petit éloge que je n’hésite pas à conseiller à tous.


[Martin Winckler, Petit éloge des séries télé, Paris, Gallimard, coll. Folio, 2012]
 

Petit éloge des coins de rue
Patrick Pécherot
(lu le 06 novembre 2012)

Libellés : nouvelles, témoignage (?)

À partir d’un détail du paysage, d’un lieu ou d’une rue, Patrick Pécherot crée un petit récit et imagine les vies qui peuvent s’insérer dans ce cadre. Il fait appel une grande mémoire culturelle, rappelle quelques grands noms d’hommes ayant vécu à Puteaux ou y ayant laissé une trace, évoque des chansons, des films parfois. Par ce biais, il emmène le lecteur en balade dans ces quartiers, entre les années 30 et aujourd’hui, dans des rues urbaines, bien peu villageoises. Selon lui, « la rue existe par ceux qui la vivent. Par leur présence, leur passage, leur empreinte. » [p. 210] Cela explique son choix de s’attarder davantage sur les gens que sur les rues en elles-mêmes : cela se défend et est un bon point de départ,  mais m’a donné la sensation de m’éloigner du sujet annoncé par le titre de l’éloge.

Au-delà de cette déception quant au sujet, j’ai surtout regretté de ne pas me retrouver dans cet univers déployé par l’auteur : les trop nombreuses références que je ne partageais pas et ne comprenais donc pas non plus, l’atmosphère très urbaine, voire banlieusarde, ainsi que le regard tourné vers le passé m’en ont tenu éloignée. Je me suis beaucoup ennuyée en lisant ce petit éloge, mais je ne doute pas qu’il plaise à un autre public, plus réceptif que moi à ces récits.


[Patrick Pécherot, Petit éloge des coins de rue, Paris, Gallimard, coll. Folio, 2012]

***
Dans la même série :
  • Janvier 2007 petit éloge : d'un solitaire, du temps présent, de l'excès, de la peau
  • Octobre 2007 petit éloge : de la douceur, des grandes villes, de la jalousie, de l'enfance, de la bicyclette
  • Septembre 2008 petit éloge : des faits divers, de la haine, de la colère
  • Septembre 2009  petit éloge : de la vie de tous les jours, de la rupture, des petites filles, du catholicisme
  • Septembre 2010 petit éloge : des voisins, de la paternité
  • Septembre 2011 – petit éloge : de la joie, du cinéma d’aujourd’hui, de la première fois, des amoureux du silence
  • Mai 2013 - petit éloge : des vacances, du Tour de France
  • Septembre 2013 - petit éloge : des brunes, du désir 
  • Joyeux Noël - petit éloge : de la mémoire, du sensible, de la gourmandise, de l'ironie

18 commentaires:

  1. Merci de faire connaître cette petite collection ! Le premier auteur, c'est celui de La maladie de Sacks? Bref, faut-il s'y connaitre en séries télé?

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    1. Une collection qui va vers sa fin, j'ai l'impression...
      C'est bien lui pour l'auteur. Il n'est pas du tout nécessaire de s'y connaître en séries télé, au contraire : c'est très accessible, peut-être même trop pour ceux qui connaissent bien le sujet.

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  2. Le premier sujet m'attire moyennement par contre je m'y retrouverai peut-être plus dans le second. Je ne connais pas cette série mais je trouve que le principe est intéressant.
    Merci pour le partage!

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    1. Je m'étais dit la même chose, puis la tendance s'est inversée après ma lecture. J'espère que le second te plaira plus qu'à moi.

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  3. Dommage que cette collection s’étiole lentement :( Même si je ne la lis pas, je trouve le concept intéressant... Elle manque peut-être d'un peu de publicité?

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    1. Je ne sais pas trop pour la publicité... Pour le concept, il est appliqué de façon si différente en fonction des auteurs que ça empêche peut-être une réelle cohésion et accroche des lecteurs.
      La collection existe depuis 2007, donc j'ai encore plusieurs ouvrages à vous faire découvrir, même si elle s'arrête. ;)

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  4. Celui des séries m'aurait intéressée, mais je pense que je n'y apprendrai pas grand chose. Comme ça semble aussi très axé sur ce qui passe en France et la façon dont c'est diffusé là-bas, je pense que je me sentirais moins concernée. Ça me prendrait un livre sur le même concept, mais québécois! :)

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    1. C'est en effet très axé sur la France, donc ça perd beaucoup d'intérêt hors de ce pays et de ses environs immédiats. :s

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  5. celle sur les séries télés m'avait beaucoup tentée. Je ne suis pas une grande fan de séries télés, j'en suis deux ou trois, pas plus, mais j'ai un mari complètement anti série-télé et du coup, j'aime bien lire les essais philosophiques qui sont sortis sur le sujet récemment.
    Mais finalement, et comme Allie, j'ai l'impression que je n'apprendrais pas grand chose...

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    1. C'est malheureusement l'inconvénient de ce petit livre : il est si synthétique qu'il pourrait apparaître trop simpliste pour ceux qui connaissent un minimum le sujet. Tourne-toi plutôt vers les autres ouvrages de cet auteur : j'ai lu sur le blog d'un connaisseur (lien perdu) que le petit éloge était une synthèse d'idées développées par l'auteur auparavant. Dans un espace plus conséquent, il pourrait peut-être t'en apprendre plus.

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  6. Celui sur les séries télé m'aurait intéressée mais j'ai la même inquétude qu'Allie!

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    1. Je crains donc de ne pouvoir que te répondre la même chose : tes craintes sont fondées, à moins que tu ne t'intéresses à la télévision française. :/

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  7. Si celui sur les séries télé me tombe entre les mains, je verrai ;), d'autant plus que j'apprécie énormément Martin Winckler. Je comprends mal l'engouement pour les séries télé alors ce serait l'occasion d'y voir autre chose qu'un mange temps (pour moi qui aime et lire, et le cinéma, si je me lance en plus dans les séries je suis perdue ;) )

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    1. Fais attention de ne pas te laisser tenter par cet auteur et sa passion alors. ;) J'ai justement l'intention de lire un autre de ses livres : lequel me conseillerais-tu ? Lesquels as-tu déjà lus ?

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    2. Sans vouloir m'imposer, Kroustik a lu "La maladie de Sachs" (en tout cas, c'est ce que dit mon carnet LAL depuis des années ;)

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    3. Merci pour l'info ! Ce n'est pas vraiment celui qui me tentait pour le moment, mais je verrai lequel je trouve et lequel me fera envie à ce moment-là.

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  8. Je passe mon tour pour les deux.
    Les séries télé, je les regarde en DVD (pas besoin de télé comme ça ;) selon deux principaux axes : 1. le monde judiciaire only et 2. le visionnage en VO US puisque je ne regarde que des séries américaines (ce qui fait que je m'y connais certainement plus en droit américain qu'en droit français en termes de procédure !). Le second aspect m'évite les doublages à frémir et les traductions aléatoires.
    Etant très mono-maniaque, 2-3 séries (dont une recommandée par un prof de droit :D) suffisent à mon "bonheur" (même si ce serait sympa de sortir en DVD les saisons 2 de certaines d'entre elles...).
    Par contre, elles (je parle en général) me donnent le sentiment d'être très représentatives de ce que propose la télé en général, c'est-à-dire très formatées, proposant des personnages archétypaux, voire caricaturaux, des situations pas franchement originales, une manipulation émotionnelle (entre autres) du spectateur et j'en passe. Bref, en termes de qualité, il y a encore du boulot !

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    1. Je comprends que tu passes, je doute que tu y trouves ton compte (après ton expérience avec la Petite philosophie du voyage, je crois que la collection des petits éloges t'occasionnerait encore plus d'énervement par le manque de cohésion et de "consignes" unifiantes ; ceux-ci ne sont pas exceptionnels...)
      L'auteur parle beaucoup des aspects que tu évoques (tout en sortant quelques séries du lot par rapport à tes derniers propos), donc tu n'apprendrais pas grand-chose de lui, je crois.

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