Le classique du mois - Pêcheur d'Islande, Pierre Loti



L’an dernier, je me suis lancée dans un ABC un peu particulier : tous les titres devaient m’être conseillés par un autre lecteur, en tenant compte de mes goûts ou non. L’un des membres de Goodreads, Quentin, m’a immédiatement recommandé Pêcheur d’Islande de Pierre Loti pour la lettre L. J’ai finalement attendu plus d’un an, après avoir découvert cet auteur par deux nouvelles, Les trois dames de la Kasbah et Suleïma, pour lire ce roman. Je ne regrette pas du tout d’avoir suivi ce conseil de lecture et vous l’adresse à mon tour.


Le classique de novembre 2012
Pêcheur d’Islande
Pierre Loti

Pêcheur d’Islande, c’est une histoire d’amours : celui d’Yann pour la mer et pour la jolie Gaud, qu’elle lui rend bien, celui de Sylvestre et de sa grand-mère aussi, ainsi que celui de toutes les femmes qui attendent leur pêcheur d’Islande au port de Bretagne. L’affection qu’Yann et Gaud (Marguerite en français) se portent dès le premier regard semble assez vite impossible, pour diverses raisons, comme la différence des classes sociales et des fortunes, mais surtout à cause de la détermination du pêcheur, qui a promis le mariage à la mer. Cet « enfantillage » – c’est ainsi qu’il est qualifié dans le roman – aurait eu tendance à m’agacer dans un autre roman, mais ce personnage est présenté de façon si touchante que je n’ai pu que lui pardonner, comme Gaud l’a fait. Cette dernière est particulièrement émouvante à la fin du texte : ce dénouement est prévisible et annoncé presque explicitement dès les premières lignes, mais cela ne gâche absolument pas la lecture d’après moi. Au contraire, j’ai espéré et ai été d’autant plus touchée par le déroulement de cet amour en en connaissant la fin.

Ce dénouement est bien sûr lié à l’autre promise d’Yann, la mer, la concurrente de Gaud. Cet élément naturel joue un rôle très important, presque comme un personnage à part entière : personnifiée, elle a ses colères et ses revendications. Elle est également une composante essentielle de la vie de ces marins bretons, qui partent chaque année pêcher en Islande, malgré tous les dangers. Ces passages sont le lieu de très belles descriptions marines de Pierre Loti, lui aussi marin et grand voyageur. L’extrait suivant par exemple m’a immédiatement plongée dans l’ambiance du navire :

… Dehors, ce devait être la mer et la nuit, l’infinie désolation des eaux noires et profondes. Une montre de cuivre, accrochée au mur, marquait onze heures, onze heures du soir sans doute ; et, contre le plafond de bois, on entendait le bruit de la pluie. [p. 17]

Si l’histoire peut paraître simpliste et déjà vue, elle ne m’en a pas moins beaucoup plu, justement par ce côté simple et d’autant plus touchant, ainsi que par l’écriture de Pierre Loti. Qu’importe le paysage qu’il décrit, il m’y emmène toujours et me le rend fascinant.

Note sur l’édition d’Alain Buisine (Livre de poche, 1997 ; c’est apparemment toujours celle qui est éditée aujourd’hui) : le roman de Pierre Loti est précédé d’une préface assez brève, qui, tout en apportant quelques clés de lecture intéressantes pour aborder le texte, n’en disent pas trop sur celui-ci. L’analyse plus approfondie est reportée, très judicieusement, à la fin et est très intéressante. Elle est principalement centrée sur la mort dans ce texte et l’ensemble de ceux écrits par Pierre Loti.
C’est malheureusement une structure qui n’est pas toujours suivie dans les éditions des classiques et qui méritait pour cette raison d’être mentionnée d’après moi.


[Pierre Loti, Pêcheur d’Islande, éd. d’Alain Buisine, Paris, Le Livre de poche classiques, 1997.]
 

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8 commentaires:

  1. Tiens, je n'avais pas remarqué que tu avais un classique du mois? *dans la lune*
    Au sujet des préfaces, etc, après quelques déconvenues, je les lis après le roman, voulant éviter les petits malins qui racontent toute l'histoire! Mais après, oui, c'est intéressant.

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    1. C'est parce que c'est plutôt un classique de la saison que du mois, au rythme où je le publie... Le projet y est, mais la réalisation est moins continue ; tu n'étais pas tant dans la lune. ;)
      Je devrais faire de même pour les préfaces, mais je m'obstine et continue à accumuler les déconvenues... Ou les bonnes surprises comme ici.

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  2. Je l'ai lu quand j'étais ado, je crois même l'avoir étudié en classe, mais je n'en ai absolument aucun souvenir.
    Moi aussi je lis les préfaces à la fin, maintenant, j'ai eu trop de déconvenues.

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    1. C'est vrai que l'histoire est assez banale et peu marquante, je l'oublierai certainement aussi. Ce sont vraiment les descriptions de l'auteur et le voyage en sa compagnie qui m'a plu.

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  3. les descriptions sont très belles... une Bretagne idéalisée, très poétique !

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    1. Tout à fait. :)
      Merci pour ce passage ici et ce petit mot !

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  4. J'ai le projet de lire ce livre depuis très longtemps... Ton billet m'incite à accélérer les choses: )

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    1. J'espère qu'il te plaira autant qu'à moi ! Il est très touchant.

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