La lettre et la plume - « On peut aller loin avec des coeurs volontaires »



La lettre et la plume

Présentation de l’éditeur : LA LETTRE ET LA PLUME, une collection qui marie littérature et histoire au travers d’écrits intimes (mémoires, correspondances, journaux, chroniques…) d’une grande qualité littéraire.

Ma découverte : j’ai découvert cette collection du Livre de poche dès ses débuts en septembre 2010 avec la première parution, « Je meurs d’amour pour toi… », qui reprend une partie de la correspondance d’Isabelle Bourbon-Parme et de sa belle-sœur l’archiduchesse Marie-Christine entre 1760 et 1763. Séduite, j’ai ensuite acheté tous les ouvrages suivants, au fur et à mesure de leur publication, sans avoir forcément le temps de les lire. J’avais prévu d’y remédier cette année : je n’ai pas terminé la collection, mais y ai bien avancé avec la lecture de trois correspondances et d’un ouvrage de souvenirs. Je poursuis avec un des deux récits de voyage parus en mai de cette année : les aventures aux Kerguelen de Raymond Rallier du Baty.


« On peut aller loin avec des cœurs volontaires »
Traduit de l’anglais par Renaud Delcourt
et présenté par Benoît Heimermann


Présentation de l’éditeur :

En 1907, à l’âge de 26 ans, Raymond Rallier du Baty s’embarque sur un ketch de vingt mètres avec cinq hommes d’équipage pour une expédition de près de deux ans dans une région du monde alors pratiquement inconnue : les îles Kerguelen. Il affronte de terribles tempêtes, explore une région glacée et inhospitalière, chasse le phoque et le canard, éprouve la solitude et la peur, mais aussi la fraternité et l’émerveillement devant la beauté des paysages.
Le récit qu’il fit à son retour (resté inédit en France pendant près d’un siècle !) est un témoignage passionnant sur l’aventure de ces hommes qui risquèrent leur vie pour découvrir de nouveaux horizons. Leur exploit inspire encore aujourd’hui le respect des marins les plus endurcis.


Ma présentation de l’ouvrage :  ce livre est divisé en trois parties :
  • Une préface de Benoît Heimermann présentant Raymond Rallier du Baty et contextualisant son récit de voyage, ainsi que son histoire éditoriale : bien que français, l’auteur a en effet narré son périple en anglais, à la demande d’un journaliste, tandis que la France se désintéressait de cette expédition ;  
  • Le récit de voyage de Raymond Rallier du Baty, depuis son départ de France jusqu’à son retour à Melbourne en Australie, divisé en 11 chapitres ;  
  • Quelques annexes : des lettres de sollicitation ou de soutien précédant le voyage, une brève bibliographie et deux cartes (l’une des îles Kerguelen, avec la mention de lieux évoqués dans le récit, et une carte du monde retraçant les étapes du voyage). Celles-ci sont intéressantes pour situer le texte, mais trop schématique d’après moi : il aurait pu être intéressant d’avoir la carte dont disposait ces aventuriers en partant et celle qu’ils ont ramenée, enrichie de nombreux détails géographiques.

La présentation par l’auteur :
Mon histoire est une histoire de mer. L’histoire d’un petit bateau de pêche et de six hommes – dont j’étais –, d’un long voyage et de nombreuses aventures étranges en des lieux reculés, à l’écart des grandes voies de circulation du monde. J’écris en modeste marin, sans prétention littéraire autre que de rapporter simplement les choses que j’ai vues et les évènements que j’ai vécus. (p. 17)
[La suite de ce premier chapitre peut être lue sur le site du Livre de poche]


Mon avis :

La géographie et moi n’étant pas bonnes amies, des îles Kerguelen, je ne savais rien, sinon qu’elles sont dans l’Océan indien*. Sans en être maintenant une spécialiste, j’en ai déjà appris un peu plus grâce à ce passionnant récit de voyage de Raymond Rallier du Baty, notamment sur l’emplacement exact de ces îles, leur relief, leur météo, ainsi que sur leur faune. En effet, bien que l’auteur ait le souci de ne pas ennuyer son lecteur avec de longues considérations géographiques destinées aux scientifiques, il s’attarde parfois sur la beauté des paysages si hostiles, raconte les horribles chasses aux phoques auxquels lui et ses compagnons doivent se livrer (pour des raisons de survie alimentaire autant qu’économiques : le financement de leur voyage a été couvert en partie par la vente de graisse de ces animaux), et évoque les très nombreuses tempêtes auxquelles ils ont dû faire face. Comme l’indique le sous-titre de cette édition, le texte se présente donc comme un récit d’aventures à la Robinson Crusoé (mais de façon volontaire, à plusieurs et de façon mieux organisée) : Raymond Rallier du Baty narre la vie sur une île déserte, ainsi que celle en mer, donc la solitude autant que la promiscuité sur un espace restreint. Quoi qu’il dise de son style lors de quelques apostrophes au lecteur pour se faire pardonner « l’indigence de [s]a prose » [p. 55], j’ai personnellement trouvé la traduction de Renaud Delcourt agréable à lire et ai apprécié l’autodérision dont fait preuve l’auteur à plusieurs reprises : loin de s’enorgueillir de son exploit marin (beaucoup s’étonnent face à la distance parcourue avec un si petit bateau), il est au contraire très humble et n’hésite pas à rire gentiment de lui-même.

Je souhaitais voyager en mer encore un peu après Pêcheur d’Islande, j’ai été tout à fait comblée par ce récit de voyage passionnant et très prenant !

* Qui a compris la référence (et aura la chanson en tête grâce à moi *Niark niark*) ? Rappelez-vous, Hélène, si je t’écris aux Kerguelen… Je me demande bien ce que cette Hélène est allée faire sur ces îles, à part une rime, maintenant que j’en sais plus, d’ailleurs.


[Raymond Rallier du Baty, « On peut aller loin avec des cœurs volontaires ». Aventures aux Kerguelen, trad. de l’anglais par Renaud Delcourt, Paris, Le Livre de poche, coll. La lettre et la plume, 2012.]


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4 commentaires:

  1. Un titre splendide (je trouve) et en avant pour l'aventure ! Bises

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    1. Pour une fois dans cette collection, je trouve que le titre-citation reflète vraiment l’œuvre dans son ensemble ; je le trouve très beau aussi.
      Bises.

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  2. Pas tentée (désolée de me répéter en ce moment :S) car les récits de voyages en mer n'ont jamais été ma tasse de thé, ni les histoires d'explorateurs. Je n'ai d'ailleurs jamais lu le Loti (et ne compte pas le faire. Je serais plutôt tentée de visiter sa maison).

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    1. Je le dis souvent aussi, donc c'est logique que je reçoive la même remarque. ;) Mauvaise pioche chez moi pour toi à cette session-là, ce n'est pas dramatique. J'ai justement eu une envie de voyage en mer à ce moment-là. La maison de Loti semble assez insolite, j'aimerais la visiter un jour aussi.

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