Quatre
femmes, un enterrement. Quatre rivales qui se sont partagés le même homme,
peintre de renom auquel le monde de la culture vient rendre un dernier hommage.
L’intrigue, résumée dans ces premières lignes
de la quatrième de couverture, est assez simple et pourrait se résumer en un
mélodrame enchaînant les scènes tragiques et/ou ridicules : ce n’est
heureusement pas le cas. Florence Chapiro profite plutôt de cette réunion
forcée pour dresser plusieurs portraits féminins, dans leurs rapprochements,
leurs différences, leurs nuances et les traces du temps passé. De l’annonce de
la mort à l’enterrement, puis au nouveau départ de vie, ces femmes qui ont aimé
le Maître vont en effet devoir se
revoir, se côtoyer et faire leur deuil, chacune à leur façon.
Chacun de ces portraits est dressé à travers
le regard d’une de ces femmes, dite « la favorite », c’est-à-dire
l’élève préférée, celle qui a ensuite trahi le Maître : ce point de vue
est assez lucide, tout en restant subjectif. Cela se marque notamment dans l’expression
des sentiments, qu’elle ne peut que deviner chez les autres, et par le peu
d’informations livrées sur elle-même : elle développe ses sentiments en
aparté, pour le lecteur, mais ne semble pas participer aux conversations
qu’elle relate, toujours en retrait des confidences. C’est un des éléments qui
m’a déplu chez cette narratrice que j’aurais aimé mieux connaître. Les autres
femmes sont assez différentes de la première et les unes des autres, comme le
reconnaît la « Veuve », l’officielle, à travers une métaphore
culinaire :
D’une certaine façon, on pourrait dire que j’étais le macaron [classique] au chocolat de Pierre. Camille, c’est le machin des jours de fête, genre rose-framboise. Toi, je ne sais pas ce que tu es. [pp. 161-162.]
La seconde femme évoquée, Camille, est la plus
mystérieuse et la plus fascinante, le modèle préféré du peintre. Enfin, reste
Rebecca, la « dernière », la plus jeune, celle qui n’a pas encore eu
le temps d’être déçue. Toutes ces voix féminines forment un ensemble harmonieux,
parfois discordant malgré tout, et créent un récit agréable.
Ce fut donc pour moi une lecture agréable et
fluide, qui s’inscrit bien sûr dans mon ABC
au féminin, mais malheureusement sans plus : j’ai la sensation que
Florence Chapiro n’a pas encore créé son style avec ce premier roman, qu’il y
manque « quelque chose » qui la caractériserait. J’espère le trouver
dans ses prochains textes.
[CHAPIRO Florence, Les favorites, Paris, Fayard, 2012.]
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Destins de femmes |
pas mal comme idée d'histoire :D je connaissais pas ce livre !
RépondreSupprimerC'est un des livres de la rentrée littéraire de janvier 2012, mais je l'ai vu dans assez peu de librairie et n'ai trouvé qu'un seul blog qui en parle : il semble peu médiatisé. J'espère qu'il te plaira si tu le trouves.
SupprimerJe note au cas où je le trouverais ! L'histoire à l'air intéressante.
RépondreSupprimerJ'espère qu'il te plaira si c'est le cas alors. ;)
SupprimerMerci encore pour ta participation à ce défi !
RépondreSupprimerMerci à toi de l'organiser !
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