Présentation de l’éditeur :
Premiers frissons
amoureux et premiers frissons de désir : cinq auteurs narrent dans une
lettre à un amant les émois d’une narratrice… ou d’un narrateur. Des missives
gorgées d’émotion.
Mon avis :
Lettres à un premier amant est un recueil de cinq nouvelles épistolaires
érotiques, chacune abordant le sujet – écrire à son premier amant – de façon
personnelle et différente. Cette diversité thématique comme stylistique est
d’après moi un des points forts de cet ouvrage : cela diversifie agréablement
le propos, de façon à toujours laisser une attente nouvelle au lecteur et à ne
pas le lasser, mais c’est aussi une de ses faiblesses. Faire appel à plusieurs
auteurs rend les textes inégaux au niveau du style, parfois trop. C’est la
raison pour laquelle je juge nécessaire de donner un bref avis sur chacune des
nouvelles plutôt que sur leur ensemble.
- Mon si cher amant de Dominique Lalouve : ce texte est l’un des plus « classiques », avec le dernier, dans sa façon d’aborder le thème : une femme écrit à son amant après l’amour pour faire durer encore un peu l’émotion érotique. Celle-ci est très bien exprimée, dans des tons d’abord tendres, puis de plus en plus passionnels. L’une des particularités de cette lettre, qu’elle soit voulue ou non, est son oralité : dès l’adresse initiale, « Mon si cher amant », j’ai eu envie de lire à haute voix, de faire entendre la voix de la narratrice. Une très belle ouverture pour ce recueil.
- Mon cher amant d’Anne Bert : j’ai eu du mal à apprécier le style de cette lettre-ci au début : un peu trop brusque et cru à mon goût, jusqu’à ce que je comprenne la raison de ce choix. Celui-ci est très bien amené et crée un effet de surprise tout à fait réussi. La scène d’amour est ensuite brillamment décrite, jusqu’à une conclusion parfaite.
- Cueillez dès aujourd’hui les chrysanthèmes de la vie d’Ian Cecil : ce n’est pas ma nouvelle préférée, mais elle a le mérite d’être originale. Depuis le titre jusqu’à la conclusion, chaque mot compte et construit peu à peu le sens que le lecteur ne reconstitue totalement qu’à la fin. Les répétitions sont habilement utilisées dans ce but, sans excès et suffisamment pour attirer l’attention. J’ai davantage apprécié cette lettre en tant qu’exercice de style qu’en elle-même.
- Pour A. d’Isabelle Lorédan : ce texte se distingue des autres par la distance temporelle entre la scène d’amour et le temps de l’écriture : tandis que les autres écrivent juste après, la jeune narratrice le fait trente ans plus tard. Cela donne un ton nostalgique à l’ensemble et convoque des souvenirs émus ou encore vivaces. On y trouve également une distance que n’ont pas les autres narrateurs, qui se traduit par une certaine lucidité et un peu d’ironie sur soi-même. Mon seul reproche (tout à fait personnel ; je sais que d’autres lecteurs apprécieront) est le style trop oral à mon goût.
- L’Adieu de Piko : cette lettre est la seule à aborder le thème à travers le prisme de l’amour adultère et de la redécouverte du plaisir après l’avoir perdu dans la monotonie du mariage. J’y ai particulièrement apprécié le crescendo érotique extrêmement bien maîtrisé et réussi, jusqu’à une note finale plus tendre, comme un baiser après l’amour.
Note :
le début de la première nouvelle, Mon si cher amant, peut être lu
sur le site des éditions Dominique Leroy.
[Lettres à un premier amant, Sens, Dominique Leroy ebook, collection
e-ros épistolaire, 2012.]
***
Merci beaucoup à
ChocolatCannelle pour l’envoi de cet ebook !
Dans la même collection :
- L'oiseau des pluies, Jean Claude Thibaud
- Chevauchements, Jean Claude THibaud
- Palingénésie, Alain Giraudo
- De l'amertume d'un moyen sûr, Alain Giraudo
Merci Minou pour cette belle présentation et les avis détaillés sur les divers textes la composant. Toujours attentive aux critiques, surtout lorsqu'elles sont argumentées, j'aimerais savoir quels sont ces tics de langage récurrents que vous avez repérés dans ma lettre. J'ai réussi à me débarrasser (péniblement) de certains, aussi, s'il m'en reste, j'aimerais les identifier afin de pouvoir les limiter à l'avenir :) Je vous souhaite une belle journée !
RépondreSupprimerMerci d'être venue lire cet avis et de l'avoir commenté. Je viens de relire votre nouvelle pour noter les éléments qui m'ont dérangée et je me suis rendu compte qu'ils ne sont pas si récurrents que cela (je vais donc modifier cet adjectif dans mon avis). Le terme qui m'avait marquée est le "tout bêtement" page 24 (j'ai dû l'associer à celui de la page 22 et à l'adjectif bête de la même page) D'autres tournures, que je considère comme "parlées" plutôt qu'"écrites", m'ont aussi arrêtée dans ma lecture, comme "te souviens-tu COMMENT l'on s'est connu?" (p. 22), "pas forcément question d'expérience" (p. 22 : j'aurais ajouté "une" avant "question"), "les situations (...) COLLAIENT à ce qui était chanté" (p. 23) ou "On ne se refait pas !" (p. 25) C'est l'ensemble de ces petits éléments qui, rassemblés sur peu de pages, m'a dérangée et fait moins apprécier d'autres tournures plus élégantes (selon moi) également présentes dans le texte. Rien n'est incorrect d'un point de vue grammatical, mais cela construit un style que je qualifie d'oral et que je n'apprécie pas (d'où ma précision qu'il s'agit d'un reproche tout à fait personnel, je sais que d'autres sont justement friands de ces styles).
SupprimerBelle journée à vous aussi et encore merci pour votre attention aux réactions des lecteurs.
Les réactions des lecteurs sont importantes, car en dehors du plaisir que l'on prend à écrire, notre but est bien d'émouvoir :).
SupprimerA chaque publication, c'est une véritable torture de découvrir quelques imperfections, immortalisées à jamais. Je serai à l'avenir plus vigilante.
belle découverte que votre blog...Il aura fallu que je sois éditée pour arriver chez vous .Merci pour vos avis éclairés et éclairant...
RépondreSupprimerl'oralité dont vous faites mention m'a été plusieurs fois notifiée...est ce mon style qui veut cela? ...un de mes textes a d'ailleurs été lu sur une radio ...
Merci Minou pour ce post
Merci beaucoup d'y être passée et d'y avoir laissé un commentaire!
SupprimerJ'ai l'impression que c'est en effet le style qui rend ce texte si "oral", mais je serais bien incapable de donner les éléments textuels qui le justifient : cela relève du pur ressenti pour moi. J'ai commencé à lire et j'ai eu envie de le faire à voix haute, comme si je lisais une lettre en imaginant la voix de la correspondante en train de la rédiger.
Effectivement, j'ai moi aussi trouvé nécessaire de parler de chaque nouvelle... Par contre, je n'ai pas trouvé les textes inégaux, j'ai justement apprécié leurs différences...! Une chouette découverte en tous cas !
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