La poésie du rail. Petite apologie du voyage en train, Baptiste Roux

Présentation de l’éditeur :

La collection « Petite philosophie du voyage » invite Baptiste Roux, professeur agrégé de lettres, à partager son attrait pour la singulière poésie du voyage en train. Lorsque le paysage devient durée et les passagers des compagnons de route, lorsque la vitre renvoie, sur le monde qui défile au rythme vibrant de la machine, sa propre image face à l’ailleurs.


Mon avis :

La navetteuse que je suis n’a pu résister – et ne pouvait pas passer à côté – à cette petite philosophie du voyage en train ! Je me suis d’ailleurs obstinée à la lire pendant mes voyages ferroviaires, ce qui m’a occasionné pas mal de désagréments et d’interruptions, illustrant en quelque sorte certains passages du livre. Malgré ces ennuis, qui auraient pu rendre ma lecture moins agréable, j’ai à nouveau été séduite par cette collection et emportée dans la passion de l’auteur. Celle-ci est née très tôt pour Baptiste Roux qui ouvre son témoignage sur une anecdote de son enfance : à 3 ans, sa grand-mère l’aurait retrouvé, émerveillé, sur le banc d’une gare après qu’il ait échappé à son attention. Ensuite, le récit s’égrène de souvenir en souvenir, d’un voyage à l’autre : on est entraîné d’une vieille micheline au TGV actuel, en passant par les trains en sursis des petites lignes et les trains mythiques, comme le Transsibérien. Ici et là, apparaissent de temps en temps des réflexions intéressantes sur le voyage, son rythme et l’évolution actuelle qu’il connaît (un bureau mobile, qui occulte de plus en plus l’aspect ferroviaire et technique du trajet). Bien sûr, ce petit témoignage n’aurait pu être complet et authentique sans évoquer les retards ou les passagers des trains : les exemples choisis par l’auteur sont savoureux et ont trouvé un large écho autour de moi. Dans l’ensemble, j’ai trouvé ce livre un peu décousu par moments (sans que ce soit dérangeant), comme si on enchaînait les correspondances : on commence par traverser un certain paysage avant de faire un court arrêt en gare et d’entrer dans un train à l’ambiance différente du premier, et ainsi de suite. Cela plonge vraiment dans l’atmosphère évoquée par l’auteur et donne l’impression de voyager avec lui, à la fois dans l’espace et le temps. Enfin, j’ai terminé cette lecture par la magnifique conclusion (voir ci-dessous) qui m’a rappelé pourquoi, au fond, même si je m’en plains souvent, j’aime les voyages en train.


Un de mes passages préférés (parmi tant d’autres) :
Reste à noter que votre retard n’est jamais relayé par celui du train, immanquablement à l’heure quand vous accumulez les contrordres, mais aux horaires plus fantaisistes quand vous faites preuve d’une rigoureuse ponctualité. De fait, une large part de la poésie du chemin de fer – de la magie du rail, osons le mot -, qui à elle seule justifie l’attente, les contretemps et les mille et un désagréments, réside dans cette imprévision constante, dans une plongée au cœur des virtualités dont se berce l’imagination. Un train manqué vient renverser le cours prévisible d’une journée et bouleverse l’emploi du temps. […] Le voyage accompli ne ressemble donc que peu à celui qui a été établi ou pensé, et le rail ne cesse de proposer un dialogue fécond entre la rêverie et la réalité. Demain, nous emprunterons d’autres trains, découvrirons de nouveaux territoires, tomberons amoureux dans des gares à l’architecture audacieuse, piaffant de convois impatients. Ballottés sur des voies de campagne ou grisés de vitesse, nous tisserons nos futurs souvenirs en bénissant les hasards, dont le voyage en train est la plus belle réunion.
[ROUX Baptiste, La poésie du rail. Petite apologie du voyage en train, Paris, Transboréal, 2009, coll. « Petite philosophie du voyage », pp. 88-89.]

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2 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé cette lecture, faut que je lise celui du métro maintenant :)

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    1. Je pense qu'il devrait te plaire aussi, si tu as aimé celui-ci. :)

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