Les sortilèges de l'opéra. Petit aparté sur l'art lyrique, Julie Boch

Présentation de l’éditeur :

La collection « Petite philosophie du voyage » invite Julie Boch, universitaire, à exalter la magie de l’opéra et à cerner la quête qui conduit l’amateur de salle en salle. Royaume de l’illusion et miroir du monde, l’art lyrique, mariage de la musique et du théâtre, permet d’éprouver, au gré des modulations de la voix humaine, la variété des émotions universelles.


Mon avis :

Tout comme pour La magie des grimoires, la lecture de ce volume de la collection « Petite Philosophie du voyage » fut un enchantement et une immersion dans la passion de l’auteure. Celle-ci nous fait voyager dans le temps comme dans l’espace : d’une salle à une autre, d’un opéra à une tragédie lyrique, du parterre aux balcons, le tout au fil des pages et d’une écriture  superbe.

Dans ce petit aparté sur l’art lyrique, Julie Boch aborde de nombreuses facettes, internes comme périphériques, de cet art. Avant tout, elle y parle de sa propre expérience : ses premiers opéras, ceux qui l’ont marquée, ceux qu’elle n’a pas appréciés, etc. C’est cet aspect personnel qui m’a plu : avec délicatesse et pudeur, elle se livre et communique sa passion au lecteur. Elle mentionne également l’architecture de certaines salles européennes ou américaines, parfois avec des métaphores particulièrement réussies et évocatrices, après avoir rappelé l’histoire de l’art lyrique. Avec un ton plus humoristique, elle établit également une « typologie » des voisins possibles, lesquels sont bien sûr toujours « l’enfer », ou des spectateurs selon leur nationalité.
D’autres thématiques encore sont présentes dans ce témoignage d’une amateure d’opéra, mais je vous laisse les découvrir par vous-même dans ce petit trésor littéraire.


La citation liminaire :
L’opéra est un séjour enchanté ; c’est le pays des métamorphoses : on y en voit des plus subites ; là en un clin d’œil, les hommes s’érigent en demi-dieux, et les déesses s’humanisent ; là le voyageur n’a point la peine de courir le pays, ce sont les pays qui voyagent à ses yeux ; là sans sortir d’une place, on passe d’un bout du monde à l’autre, et des Enfers aux Champs-Élysées. […]
Disons un mot des habitants naturels du pays de l’opéra ; ce sont des peuples un peu bizarres : ils ne parlent qu’en chantant, ne marchent qu’en dansant, et font souvent l’un et l’autre lorsqu’ils en ont le moins d’envie. Ils relèvent tous du souverain de l’orchestre, prince si absolu, qu’en haussant et baissant un sceptre en forme de rouleau qu’il tient à sa main, il règle tous les mouvements de ce peuple capricieux. Le raisonnement est rare parmi ces peuples ; comme ils ont la tête pleine de musique, ils ne pensent que des chants, et n’expriment que des sons ; cependant ils ont poussé si loin la science des notes, que si le raisonnement se pouvait noter, ils raisonneraient tous à livre ouvert.
[Charles Dufresny, Amusements sérieux et comiques (Paris, 1699) dans BOCH Julie, Les sortilèges de l’opéra. Petit aparté sur l’art lyrique, Paris, Transboréal, 2011, coll. « Petite philosophie du voyage », p. 9.]

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2 commentaires:

  1. Voilà qui a l'air sympathique et instructif !

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  2. je vois en parcourant ce blog que cette collection a tes faveurs : pour moi aussi, elle est excellente!

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